Origine et histoire de l'Abbaye Saint Pierre
L'église Saint-Pierre s'inscrit dans l'histoire de l'abbaye de Solignac, fondée par saint Éloi au VIIe siècle et longtemps animée par une communauté bénédictine. Selon la chronique, saint Théau, disciple de saint Éloi, mourut dans un ermitage voisin et sa sépulture fut liée à l'abbaye ; une chapelle absidiale lui était dédiée et abritait jusque dans la période moderne châsses et reliquaires. La chapelle sépulcrale orientée, composée de deux travées voûtées d'arêtes inégales, conserve l'amorce d'un escalier appuyé sur un rocher et, à proximité, un puits circulaire ; la crypte a servi de dépôt d'ossements et un ruisseau passait jadis sous l'église. L'abbaye, d'origine liée à la règle de Luxeuil et à l'influence de saint Colomban, connut un grand rayonnement artisanal, notamment en orfèvrerie, et compta des moines venus de différentes maisons monastiques. Elle fit l'objet de donations et de privilèges royaux et pontificaux au fil des siècles, ce qui permit des campagnes de construction et de restauration. La construction de l'abbatiale s'étendit sur plusieurs siècles : la nef date de la première moitié du XIIe siècle, le chœur et le transept furent remaniés après un incendie qui affecta la toiture et le mobilier, et la tour-porche appartient au début du XIIIe siècle. L'église est remarquable dans le Limousin comme unique abbatiale à file de coupoles, et son plan conserve des rapprochements stylistiques avec d'autres églises à coupoles de la région. La date de consécration fait l'objet de discussions dans les sources, plusieurs dates étant proposées, la plus communément retenue par les Mauristes étant le 9 mai 1211. Au fil du temps, des interventions successives modifièrent l'édifice : aménagement de stalles au XVe-XVIe siècle, refonte d'un mur occidental au XVIIe siècle, reconstruction d'un petit clocher endommagé et effondrement d'un étage du clocher occidental à la fin du XVIIIe siècle remplacé ensuite par un clocher-mur. L'église abbatiale fut classée au titre des monuments historiques dès la liste de 1862 et des travaux de restauration ont révélé notamment une peinture du XVe siècle représentant saint Christophe. La Révolution entraîna l'expulsion des derniers moines, la transformation partielle des bâtiments et l'utilisation de l'abbaye comme prison ; au XIXe et XXe siècles, les lieux accueillirent successivement un pensionnat de jeunes filles, une fabrique de porcelaine et, plus tard, un séminaire. Au XXe siècle, la porte d'entrée de l'ancienne abbaye fit l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques et des communautés religieuses diverses occupèrent l'ensemble. Après une longue période d'inoccupation et d'usages industriels, des travaux de consolidation et de restauration ont été engagés, le porche Saint-Jean ayant été sécurisé en 2020-2021. À partir de 2021, la vie monastique bénédictine a repris avec l'installation du prieuré Saint-Joseph, marquant la reprise d'une présence contemplative ancienne. Les bâtiments monastiques, modifiés aux XVIIe et XVIIIe siècles et remaniés au XXe siècle, s'organisent autour d'un quadrilatère dont la nef constitue l'un des côtés, et l'ensemble, malgré les transformations, conserve des éléments significatifs de l'architecture romane et gothique qui témoignent de son histoire pluriséculaire.
