Période
XIIe siècle, XIIIe siècle, XVIIe siècle
Patrimoine classé
La croisée du transept et les deux croisillons en cul-de-four, y compris les chapiteaux historiés et le décor de peinture subsistant sous les enduits ; la chapelle romane ; la salle capitulaire (cad. F 11, 12) : classement par arrêté du 18 mai 1960 - L'église abbatiale, le presbytère, le mur d'enceinte, le four et l'ensemble des bâtiments et murs, et en façade et toiture, le logis abbatial et les dépendances nord ainsi que le sol des parcelles AT 65 à 69, en totalité, à l'exception des bâtiments et parties déjà classés : inscription par arrêté du 22 février 2012
Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Pierre-ès-Liens
L'ancienne abbaye Saint-Pierre-ès-Liens, située à Tourtoirac (Dordogne) dans la vallée de l'Auvézère, occupe un site qui fut à l'origine une villa romaine. Sa fondation remonte à 1023 et le monastère bénédictin subsista jusqu'à la Révolution; au XVIe siècle il comptait une quarantaine de religieux. L'ensemble comprend l'église abbatiale, le logis du XVIIe siècle et les murs d'enceinte. L'église présente un plan triconque rare en Périgord : une nef du XIIe siècle, voûtée à l'époque moderne, une croisée de transept couverte en coupole et deux croisillons en hémicycle qui conservent des chapiteaux historiés et un décor peint; le chœur en hémicycle a été détruit. Le mur est du cloître subsiste sous le presbytère et porte des arcatures bouchées de l'ancienne salle capitulaire, soutenues par des chapiteaux du XIIe siècle; la salle capitulaire elle-même subsiste et n'a sans doute jamais été voûtée. La chapelle romane, datée de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, est voûtée en berceau brisé. Les restes de l'enceinte aux abords nord, est et sud sont datables du XIVe au XVIIe siècle, tandis que le logis abbatial, de caractère régional, appartient au XVIIe siècle. Bien que située dans le diocèse de Périgueux, l'abbaye a, dès son origine, été soumise à l'influence limousine par son rattachement à Saint-Pierre d'Uzerche. Selon la charte de fondation, le vicomte Gui de Limoges plaça Tourtoirac sous la direction de Richard, abbé d'Uzerche, qui y introduisit la règle bénédictine et établit Étienne comme abbé; la charte mentionne des dons du vicomte, de son épouse Emma et de leurs enfants, citant notamment les églises de Saint-Hilaire près de Tourtoirac, de Sainte-Trie avec la villa d'Alpoi et de Saint-Martin de Granges d'Ans, ainsi que des manses et des villas, en contrepartie de messes pour la famille vicomtale, de la récitation d'un psaume à chaque heure canoniale et de la nourriture quotidienne d'un pauvre. La bulle du pape Calixte II de 1120 confirme l'étendue des possessions de l'abbaye dans le pays d'Ans, dresse une liste étendue d'églises et prieurés et reconnaît le droit d'élire librement l'abbé tout en maintenant la dépendance à Uzerche. Les siècles suivants sont marqués par des conflits de juridiction, des procédures contre certains abbés et des épisodes de division interne, mais aussi par des périodes de prospérité : la nef fut construite à la fin du XIIe siècle et, selon une ancienne pancarte de l'évêché, l'abbaye disposait alors d'environ 400 livres tournois de revenus annuels et d'une communauté de plusieurs dizaines de moines. À la fin du Moyen Âge et aux époques modernes, la commende puis les guerres de religion affaiblirent l'abbaye et dispersèrent les moines; un essai de reprise par la congrégation des Feuillants en 1635 échoua et, en 1651, un état des lieux signale que certains bâtiments n'étaient plus habitables. Par la suite seuls subsistèrent des abbés commendataires percevant des bénéfices; au XVIIIe siècle Pierre de Beaupoil de Saint-Aulaire entreprit la construction du nouveau logis abbatial. Au XIXe siècle deux chapelles s'écroulèrent et des travaux de soutènement furent réalisés en 1848-1849; après un effondrement la nef fut entièrement reconstruite entre 1896 et 1906. L'église bénéficia de protections au titre des monuments historiques, une première protection datant de 1939 et étant étendue en 1960; l'arrêté de 1960 classe notamment la croisée du transept, les deux croisillons en cul-de-four, la chapelle romane et la salle capitulaire, et l'arrêté de 2012 étend la protection à l'église abbatiale, au presbytère, au mur d'enceinte, au four, à l'ensemble des bâtiments et au logis abbatial (façade et toiture), à ses dépendances nord et à certains sols. Les chapiteaux de la salle capitulaire ont été remis au jour en 1959 et leur style rapproche leur auteur du sculpteur des chapiteaux de l'église Saint-Robert; deux absidioles du chevet ont été restaurées en 1995-1996.