Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Ruf 
L'ancienne abbaye de Saint-Ruf le Haut se situe dans le quartier Saint-Jean à Valence, dans la Drôme. La congrégation des chanoines réguliers de Saint-Ruf, née à Avignon et fondée au XIe siècle, s'est implantée à Valence aux XIIe et XVIe siècles après des tensions avec le chapitre cathédral qui ont entraîné le transfert de l'abbaye-mère. Les chanoines acquirent en 1158 l'île de l'Épervière, délimitée à l'ouest par le Rhône, à l'est par le cours de l'Épervière et au nord par la Robine (site de l'actuel parc Jouvet), où fut édifiée une nouvelle abbaye dont peu de vestiges subsistent. Malgré des inondations au XIIIe siècle et des périodes de refuge intra muros au prieuré Saint-James, l'Épervière resta le siège de l'ordre jusqu'aux ravages des guerres de Religion; une chapelle de la Madeleine y est attestée depuis la fin du XIIe siècle. Après la destruction des églises de la ville par le baron des Adrets en 1567, l'abbaye de l'Épervière ne fut pas reconstruite et les chanoines choisirent de rebâtir leur établissement autour du prieuré Saint-James au début du XVIIe siècle. L'édifice d'orientation romane fut profondément remanié et doté d'une nouvelle façade côté est, rue Saint-James, tandis que les bâtiments conventuels étaient relevés au nord. Au XVIIIe siècle, le dernier abbé Jacques de Tardivon fit construire un palais abbatial au nord de l'ensemble; de cet hôtel abbatial, transformé en préfecture en 1808, il ne subsiste aujourd'hui que le portail isolé, les autres constructions ayant été détruites lors d'un bombardement en 1944. L'église, fortement remaniée, est devenue d'abord temple de l'Être suprême pendant la Révolution puis, par décret impérial de 1806, le temple protestant de Valence; son chœur a fait l'objet d'une restauration récente. Dans l'abside se trouve un monument conservant le cœur du général Championnet. Parmi les éléments conservés figurent également deux immeubles liés à l'ancien hôtel abbatial, dont l'un a gardé sa façade sur la rue Sabaterie et un monumental escalier du XVIIIe siècle dont le décor sculpté est homogène avec celui du portail et du temple. Le temple a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 17 mai 1921, et divers éléments, dont le portail, la façade et l'escalier, ont été inscrits par arrêté du 28 avril 1999.