Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Sauveur de Villeloin
L'ancienne abbaye bénédictine Saint-Sauveur de Villeloin se situe à Villeloin-Coulangé, près de Loches, en Indre-et-Loire. Elle a été fondée au IXe siècle par les chevaliers Mainard et Mainerius et placée sous l'autorité de l'abbaye de Cormery ; l'abbé Audacher a présidé à sa construction et l'archevêque Hérard l'a consacrée en 859, avec au moins vingt moines. L'abbaye s'est enrichie de nombreux dons et possédait de vastes domaines, ce qui lui assura une importance monastique et foncière au Moyen Âge. Parmi ses possessions et dépendances figurent des terres et églises à Chédigny, Chissay-en-Touraine, Saint‑Julien‑de‑Chédon, Coulangé, Francueil, Loches, Mareuil‑sur‑Cher, Montrésor, Civray‑de‑Touraine, Semblançay, Épeigné‑les‑Bois et Nouans‑les‑Fontaines, ainsi que les prieurés d'Épeigné, de Francueil, de Saint‑Martin‑de‑Verton, de Saint‑Sauveur d'Amboise, de Saint‑Pantaléon‑de‑Sur, de Luçay‑le‑Mâle, de Cros, de Vou et de Saint‑Médard. Le monastère connut des épisodes violents pendant la guerre de Cent Ans : il fut pris par les Anglais en 1360, occupé par une garnison et racheté en 1361 contre une forte somme, puis dévasté de nouveau par les troupes anglaises en 1412. Les bâtiments, en mauvais état au début du XVe siècle, firent l'objet de reconstructions à partir de 1417 et de reprises des fortifications après 1464, utilisées lors des guerres de Religion. Le roi Philippe le Bel séjourna à l'abbaye lors de son voyage à Loches le 11 août 1301. Au XVIIe siècle, Michel de Marolles, abbé de Villeloin, réunit une bibliothèque et une remarquable collection d'estampes, et, avec son accord, la réforme de la congrégation de Saint‑Maur fut introduite dans le couvent à la fin des années 1660. Les quatre derniers bénédictins quittèrent l'abbaye en 1790 ; les bâtiments furent ensuite divisés et l'église laissée en ruines après la Révolution. L'église paroissiale conserve des parties du XIIe siècle ; l'ancien prieuré, le pavillon Renaissance et certaines tours datent du XVIe siècle, tandis que l'ancien couvent relève du XVIIe siècle. Divers éléments du site — église, façades et portails, anciennes portes, prieuré avec pavillon et tourelle Renaissance, grand portail d'entrée, tours du pont‑levis et grande tour carrée — ont été inscrits ou classés au titre des monuments historiques par des arrêtés de 1921 et 1927. Lors de fouilles en 1921, deux crosses abbatiales furent mises au jour dans une salle identifiée comme l'ancienne salle capitulaire : une crosse pastorale en ivoire, datée du XIIIe siècle, découverte le 26 février 1921 par Charles Paillaud et classée au titre des objets mobiliers le 9 juillet 1921 puis acquise par le musée de Cluny, et une crosse en cuivre émaillé de style limousin, datée vers 1220–1235, retrouvée le 13 juillet 1921, qui représente notamment le couronnement de la Vierge et l'Annonciation et fut longtemps exposée au musée de l'hôtel Goüin à Tours. Les annales de l'abbaye pour la période 1464–1629 ont été rédigées par Dom Pierre Brunet, bénédictin et prieur, qui copia, classa et commenta de nombreux titres et a laissé une chronique précieuse pour l'histoire conventuelle, artistique et locale. Parmi les abbés remarquables de Villeloin figurent Robert de Lenoncourt, Achille de Harlay de Sancy et Michel de Marolles. Aujourd'hui, l'ancienne abbaye Saint‑Sauveur reste un ensemble archéologique et monumental protégé, témoignage de son rôle religieux, économique et culturel dans la Touraine médiévale et moderne.