Période
XIIe siècle, XIIIe siècle, XVe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Logis abbatial : inscription par arrêté du 13 juillet 1926 - Restes comprenant : l'enceinte fortifiée, les vestiges de l'ancienne église, les celliers et les caves : inscription par arrêté du 2 mai 1927 Le grand étang des moines ; la poudrière ; les sols archéologiques (cad. BE 96) : inscription par arrêté du 28 décembre 1999
Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Vincent
L'ancienne abbaye Saint-Vincent, située à Laon dans l'Aisne, est un établissement colombanien devenu bénédictin au Xe siècle et profondément transformé en arsenal au XIXe siècle. Le site est limité par une enceinte du XIIe siècle, restaurée jusqu'à aujourd'hui, et il conserve deux ensembles de constructions distincts : des vestiges de l'abbaye — enceinte à peu près complète, logis abbatial et bâtiment des hôtes, grand étang, plusieurs puits, celliers, caves et galeries souterraines — et des aménagements liés à l'ancien arsenal — porte d'entrée en pierre calcaire, poudrière, quinze hangars en brique à structure métallique et divers garages, auxquels se sont ajoutés deux hangars au XXe siècle. Selon la tradition l'abbaye aurait été fondée en 589 par la reine Brunehaut, et la fondation est parfois datée du VIe siècle ; la première église connue fut édifiée par l'abbé Rénier dans la seconde moitié du XIe siècle. Au début du XIIe siècle l'évêque Adalbéron fit entourer l'abbaye de murailles et fit construire une chapelle funéraire dédiée à Marie-Madeleine ; la reconstruction majeure de la fin du XIIe siècle comprit le cloître, le grand réfectoire et la remise en état de l'église abbatiale. L'église fut achevée au XVIe siècle, avec une façade de style gothique flamboyant et une tour côté croisillon nord ; à la même époque on entreprit le dortoir et le premier logis abbatial, dont subsistent des celliers et des caves, le logis ayant été en partie démoli au XVIIe siècle. L'abbaye subit de nombreux dommages au cours des siècles : pillages et incendies lors des incursions vikings, incendie et perte de la bibliothèque en 1359, incendie en 1145, dégâts pendant le siège de Laon en 1594 et effondrement partiel d'une voûte en 1612 par manque d'entretien. La réforme de Saint-Maur au XVIIe siècle amorça une vaste campagne de restauration, ponctuée de travaux aux XVIIe et XVIIIe siècles et de la reconstruction du logis abbatial et du bâtiment des hôtes en 1771. Pendant la Révolution l'abbaye fut convertie en hôpital militaire en 1793 puis en maison de réclusion ; vendue comme bien national en 1797, elle fut en grande partie démolie au début du XIXe siècle, si bien qu'en 1810 ne subsistaient guère que la tour de l'église et le logis abbatial. L'armée acquit le site en 1876 et y installa un arsenal, réalisant entre 1879 et 1890 la série de hangars en brique et métal, la porte d'entrée en 1879 et la poudrière en 1880 ; ces aménagements modifièrent profondément l'intérieur du logis abbatial. Le rôle militaire se poursuivit jusqu'à la professionnalisation de l'armée à la fin des années 1990, et l'usage du site a évolué depuis lors. L'ancienne abbaye, qui exerça un rayonnement notable sur l'architecture médiévale et classique du Laonnois pendant l'Ancien Régime, est aujourd'hui difficile à apprécier du fait de la disparition presque totale de ses bâtiments conventuels. Parmi les éléments historiques conservés figurent l'inhumation de l'évêque Adalbéron vers 1030-1031 et, découverte en 1769, une peinture représentant les chevaliers d'Eppes près de tombes datées des XIIIe siècle. Le logis abbatial a été inscrit au titre des monuments historiques en 1926; l'enceinte, les vestiges de l'église et les celliers et caves l'ont été en 1927; le grand étang, la poudrière et les sols archéologiques ont été inscrits en 1999. Un incendie majeur en juin 2008 détruisit toitures et planchers ; des mineurs furent mis en cause dans cet incendie. En décembre 2019 la ville de Laon a acquis l'abbaye pour 260 000 € HT et a envisagé un projet de reconversion en hôtel haut de gamme.