Origine et histoire de l'Abbaye Sainte-Anne
L'abbaye Sainte-Anne de Bonlieu-sur-Roubion est une ancienne abbaye située dans la commune de Bonlieu-sur-Roubion, dans le département de la Drôme en région Auvergne-Rhône-Alpes. Le monastère a été fondé en 1171 par la comtesse Véronique de Marsanne, que la tradition rattache à la maison de Poitiers, dite de Valentinois. Il s'agit d'une abbaye féminine de l'ordre cistercien placée sous l'autorité de l'abbaye Notre-Dame d'Aiguebelle. Le village de Bonlieu-sur-Roubion s'est développé autour du monastère, dont la basilique s'inscrit dans le courant de l'art roman provençal. Vers la fin du XIVe siècle, le monastère fut ruiné par les routiers ; en 1400 il fut transformé en prieuré d'hommes dépendant de l'abbaye de Valcroissant. De l'ensemble médiéval subsistent des éléments de l'église abbatiale, qualifiés de romains et attribués aux XIIe et XIIIe siècles selon les sources. La charte de fondation de 1171 mentionne, pour la première fois en France, le cépage marsanne cultivé dans ses vignes. À la Révolution, les bâtiments et les terres furent vendus comme biens nationaux. En 1871, une communauté de religieuses norbertines acquit, restaura et rebâtit le monastère ; la première supérieure, Marie Odiot de la Paillonne, dite mère Marie de la Croix, souhaitait rétablir la branche féminine des prémontrés en France et assura la remise en état des ruines grâce à des dons privés. Après les lois anticléricales de 1905, les sœurs furent exilées à Grimbergen, en Belgique. Le site a accueilli plus tard une petite communauté de frères prémontrés dépendant de l'abbaye de Mondaye, en Normandie ; ces religieux ont quitté l'abbaye durant l'été 2014 et les bâtiments sont revenus au diocèse de Valence. L'église abbatiale a été en grande partie reconstruite à la fin du XIXe siècle, et la reconstruction du Second Empire a intégré plusieurs éléments médiévaux tels que le chevet, le transept, les murs gouttereaux et la salle capitulaire. Le pape Léon XIII a élevé l'église en basilique mineure dédiée à sainte Anne ; elle a été consacrée le 11 octobre 1899 par Mgr Thomas-Louis Heylen, évêque de Namur. L'abbaye fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 28 avril 1999. Parmi les éléments remarquables conservés figure une statue « trinitaire » en bois polychrome du XIVe siècle représentant Jésus, la Vierge et sainte Anne, dont la peinture est d'origine.