Période
Moyen Age, XIIe siècle, XIIIe siècle, XVe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
1) La chapelle de l'Abbé et son vestibule, y compris les fresques, les carrelages, la crédence ; les pièces voutées situées au-dessous ; les deux étages du cloître avec les murs d'appui, les fenêtres anciennes comprises dans les murs et les murs limitant la cour du cloître. 2) La grande salle avec son plafond et la cheminée. 3) Le transept nord de l'église avec les deux chapelles. 4) Les bâtiments fortifiés des celliers et dortoirs : classement par arrêté du 23 juillet 1923 - Les bâtiments de l'ancienne abbaye : classement par arrêté du 3 juin 1932 - Les bâtiments situés entre la cour du cloître de l'Abbé, la cour de service et le jardin d'entrée (cad. C 17, 18, 18bis, 19, 44) : classement par arrêté du 12 novembre 1958
Origine et histoire de l'Abbaye Sainte-Marie d'Orbieu
Selon la tradition, la fondation de l'abbaye est attribuée à Charlemagne : une charte de 778, souvent citée comme acte de fondation, et un texte conservé daté du 19 janvier 779 mentionnent l'abbé Nimphridius, considéré comme le premier abbé. Les religieux bénédictins de Lagrasse furent recrutés dans l'aristocratie et, à l'origine, l'abbé était choisi par les moines ; à partir de 1502 il fut nommé par le roi de France. Les parties les plus anciennes se situent à l'est ; d'autres bâtiments, reconstruits au milieu du XVIIIe siècle et aujourd'hui occupés par une maison de retraite, forment un ensemble en pierre de taille établi sur deux axes. L'église primitive pourrait remonter au XIe siècle ; une église romane sur l'emplacement de l'édifice actuel est envisagée pour le XIIe siècle, mais l'ancienne église est aujourd'hui en ruines après un incendie survenu à la fin du XIIe siècle et une restauration menée à partir de 1208. L'abbatiale du XIIIe siècle conserve des traces visibles de crénelage défensif sur le côté est et un clocher inachevé dont l'amorce est datée de 1505. On distingue encore l'amorce d'un mur d'enceinte sur le contrefort sud-ouest ; ce mur était bordé par un ruisseau dont les berges ont été aménagées au XVIIIe siècle lors de la création d'un jardin à la française. Les voûtes du rez-de-chaussée sont, selon les lieux, en arêtes ou en berceau, avec percements au droit des croisées ; les pièces du premier étage présentent tantôt des plafonds à la française, tantôt des plafonds en plâtre à gorges, et le long bâtiment sud comporte un second étage qui abritait la domesticité. Le cloître estat élevé vers 1760 et certains culots des murs relèvent du style rocaille. Monastère bénédictin du VIIIe au XVIIIe siècle, l'abbaye fut vendue comme bien national à la Révolution et partagée en deux lots, entraînant un long abandon et de fortes dégradations au XIXe siècle. Classé au titre des monuments historiques depuis le 23 juillet 1923, l'ensemble a fait l'objet de premières campagnes de restauration dès 1932, puis d'opérations successives entreprises par les chanoines et par des propriétaires privés. La « grande partie » et la « petite partie » sont restées distinctes : la grande partie a servi tour à tour d'hôpital militaire, de casernement, d'hospice et de maison de retraite, tandis que la petite partie, de tradition médiévale, fut donnée à une société d'entraide en 1928, transformée en orphelinat, puis acquise par la mairie en 1981 et, depuis 2004, par le conseil départemental de l'Aude qui l'a ouverte au public et y a installé un centre culturel. À la veille de la Révolution, l'abbaye possédait un organiste et un serpent pour accompagner le plain-chant ; en 1789 ses biens furent déclarés nationaux et les derniers moines expulsés le 29 août 1792, malgré l'opposition des habitants. Après des ventes et des propriétaires privés, la grande partie a été acquise en 2004 par la communauté des chanoines réguliers de la Mère de Dieu qui a rendu une vocation religieuse à une large portion du monastère, tandis que la part médiévale appartient désormais au département. Des restaurations récentes ont permis notamment la rénovation du cloître XVIIIe siècle, prix de la « plus belle restauration » en 2014, et des chantiers consacrés à l'église et au clocher se sont poursuivis au cours des années suivantes, avec une première étape pour le clocher octogonal engagée en 2019. L'abbaye a aussi bénéficié d'un programme de valorisation et de relevés architecturaux approfondis menés lors des campagnes de réhabilitation, et elle figure parmi les sites soutenus par le Loto du patrimoine en 2020. La communauté des chanoines réguliers, fondée en 1971 et reconnue en 1997, célèbre selon le rite tridentin et vit selon la règle de saint Augustin ; elle a installé sa maison à Lagrasse en 2004, mais a également dû affronter des révélations récentes concernant des fautes commises par son fondateur, rendues publiques en 2024. Aujourd'hui l'ancienne abbaye Sainte-Marie de Lagrasse se présente comme un ensemble où se juxtaposent des parties médiévales et classiques, résultant d'une histoire complexe mêlant spiritualité, pouvoir, architecture et restauration patrimoniale.