Origine et histoire de l'Abbaye Sainte-Marie de Niedermunster
Situées au pied du mont Sainte-Odile, dans le vallon de Niedermunster (commune de Saint-Nabor, Bas-Rhin), les ruines de l'abbaye Sainte-Marie se dressent à environ 511 mètres d'altitude. La tradition attribue à sainte Odile la création au bas de la montagne d'un établissement consacré à saint Martin, avec un hospice pour les pèlerins, qui aurait évolué en monastère de moniales. Selon la légende, une parcelle de la Vraie Croix déposée par Hugues de Tours et apportée par un chameau a renforcé la renommée du lieu et favorisé le culte qui s'y développa. Les abbayes de Hohenbourg et de Niedermunster partagèrent longtemps leur patrimoine jusqu'à la fin du XIIe siècle, puis fonctionnèrent séparément à partir du XIIIe siècle. L'église abbatiale qui subsiste fut édifiée entre 1150 et 1180 et consacrée en 1180 ; le complexe du XIIe siècle comprenait des bâtiments claustraux, trois tours, un hospice et des chapelles. Dès 1016, l'empereur Henri II accorda à l'abbesse Helewig autonomie et droits d'élection. Restaurée au XIIe siècle sous les abbesses Relinde et Herrade de Landsberg, l'abbaye adopta la règle augustinienne et assura jusqu'au début du XVe siècle la liturgie, l'accueil des pèlerins et l'éducation de jeunes filles de la noblesse. Elle reçut de nombreuses donations et posséda des cours et domaines en Basse-Alsace, parmi lesquels Arlesheim, Biesheim, Gertwiller et Saint-Nabor, ainsi que des biens et vignobles sur plusieurs communes. Au XVIe siècle, une succession de catastrophes marqua la fin de la communauté : saccages pendant l'insurrection paysanne, incendies en 1542 et 1572, dispersion des chanoinesses et intégration des biens à la mense épiscopale. Abandonnés, les bâtiments servirent de carrière de pierres pour diverses constructions régionales; seules subsistent aujourd'hui les ruines de l'église abbatiale et une métairie avec une grange construites en 1758 avec des matériaux remployés. Classé au titre des monuments historiques dès 1846, le site a fait l'objet de dégagements et de consolidations au début du XXe siècle, notamment entre 1902 et 1904 sous la direction de Félix Wolff; ces fouilles ont mis au jour de nombreuses sépultures médiévales, dont plusieurs abbesses. Le sceau de l'abbaye connu en 1264 représentait la Vierge en orante ; après l'arrivée de la relique de la Croix, l'effigie du chameau portant la croix y apparut fréquemment. Non loin se trouvent la chapelle Saint-Nicolas, liée à l'hospice des pèlerins et restaurée au milieu du XIXe siècle à l'identique, et l'ermitage Saint-Jacques, dont la fondation légendaire se rattache au voyage du chameau porteur de la Croix. Les ruines ont été acquises par l'évêché de Strasbourg en 1895 et restent un témoignage important de l'histoire monastique du Bas-Rhin.