Origine et histoire de l'Abbaye Sainte-Marie de Rieunette
L'abbaye Sainte‑Marie de Rieunette est une abbaye cistercienne située à Ladern‑sur‑Lauquet, dans l'Aude, édifiée à partir du XIIe siècle. Le plus ancien document la mentionnant est un acte de donation de 1162, lié au retrait de Reine de Castillon qui s'y installa avec quelques compagnes. Rapidement elle acquit le statut d'abbaye et s'agrégea à l'ordre cistercien ; elle est fille de l'abbaye de Tart et entretenait des relations de vassalité avec le vicomte de Narbonne et l'abbé de Fontfroide. En 1432 elle fut placée sous la protection des abbés de Villelongue et la communauté rassembla alors près de quarante moniales. Les guerres de religion provoquèrent désertions, pillages et, en 1568, l'incendie des bâtiments monastiques. En 1648 Cécile de Noé, nommée abbesse, fit relever l'abbaye, mais en 1654 le sieur de Saint‑Jean‑Moussoulens chassa les religieuses et incendia les constructions jusqu'à la porte de l'église. L'assassinat de l'abbesse de Lévis, le 13 juin 1671 par Marc‑Antoine du Ferrier, seigneur du Villar, mit fin à la résidence des moniales sur place ; les abbesses demeurèrent ensuite à Carcassonne jusqu'à leur union en 1761 avec la maison cistercienne de Lombez. En 1793, les biens dits « de première origine » furent aliénés à divers particuliers et transformés avant d'être acquis par l'administration des Eaux et Forêts.
Au XXe siècle, les restes de l'abbaye ont fait l'objet de protections : les ruines sont inscrites aux monuments historiques (11 décembre 1925), l'église abbatiale est classée (29 août 1950) et le vallon des Rieunettes est inscrit comme site naturel depuis 1945. Aujourd'hui il ne subsiste de l'ensemble monastique que l'église Sainte‑Marie ; les lieux claustraux ont complètement disparu. L'abbatiale, datée de la fin du XIIe siècle, offre une architecture très pure et dépouillée et se niche au creux d'un vallon boisé. L'église présente un plan rectangulaire adossé à la montagne ; en raison du site, le chevet est orienté au sud‑est. Sa voûte est un berceau appareillé, légèrement brisé, divisé en quatre travées par trois doubleaux de section rectangulaire reposant sur des piliers de même profil. Dans l'angle nord de la nef s'élève une tour carrée dont l'intérieur circulaire abrite un escalier en vis ; cet ancien clocher ne dépasse plus la toiture que d'environ 1,50 m. L'accès à la tour se faisait par une porte rectangulaire depuis la nef et, au‑dessus, une seconde porte ouvrait sur une tribune aujourd'hui disparue, probablement en bois. Une porte latérale percée dans le mur nord‑est donnait accès au cloître dont les galeries, orientées au nord‑est, ont disparu. L'édifice semble avoir été construit en deux phases : d'abord le gros œuvre et la voûte, puis les piliers et les doubleaux. L'observation des maçonneries montre que la tour, commencée en même temps que les murs adjacents, a vraisemblablement été interrompue pour l'exécution de l'arc qui la pénètre, puis reprise ; auparavant, le clocher avait un caractère fortifié.
En 1998 la communauté cistercienne de l'abbaye de Boulaur entreprit de faire revivre le lieu ; depuis une petite communauté y vit, priant et travaillant, et accueille visiteurs et personnes en recherche spirituelle. Le 8 novembre 2019, Rieunette a été accueillie dans la Congrégation des cisterciens de l'Immaculée Conception.