Origine et histoire de l'Abbaye Sainte-Marie de Villelongue
L'abbaye Sainte-Marie de Villelongue, abbaye cistercienne en ruine, se situe sur la commune de Saint-Martin-le-Vieil dans l'Aude, entre Castelnaudary et Carcassonne ; elle est un domaine privé classé au titre des monuments historiques depuis 1916. Entre 1145 et 1149, un moine de l'abbaye de Morimond, Guillaume de Compania, s'installe sur la Montagne Noire, sur un lieu appelé Compania entre les rivières du Sor et du Lampy, pour y fonder un monastère. Les premières donations datent de 1149 : trois dons le 16 mai 1149 par le seigneur de Saissac et des seigneurs voisins, suivis de deux autres donations de dîmes et de terres ; le terrain donné se situe entre le Sor et le Lampy, le chemin public de Bruniquel (actuel Le Conquet) et le bois de Compania. Après 1150, Guillaume est remplacé par un moine envoyé par l'abbaye de Bonnefont ; Arnaud, prieur de Bonnefont, devient prieur puis, en 1151, le prieuré est érigé en abbaye et Arnaud I en devient le premier abbé. L'abbaye prospère rapidement : Arnaud I reçoit des terres et la métairie Saint-Jean de Villelongue et apparaît dans les actes jusqu'en 1159. Le monastère et ses dépendances sont dirigés successivement par plusieurs abbés, et l'ancienne abbaye de Compania décline progressivement pour ne devenir qu'une ferme dépendant de Villelongue. Au tournant des XIIe et XIIIe siècles l'abbaye reçoit de nouveaux dons, dont le château de Saint-Martin-le-Vieil donné par Simon de Montfort, et des dîmes cédées pour la construction de l'église et des bâtiments claustraux, dons confirmés par le chapitre de la cathédrale et par une bulle pontificale. La puissance de l'abbaye se manifeste au début du XIIIe siècle grâce au soutien de Simon de Montfort, et la reconstruction de l'église dans l'esprit cistercien commence au milieu du XIIIe siècle pour s'étendre jusqu'au début du XIVe siècle, avec plusieurs extensions et surélévations. Les bâtiments claustraux les plus anciens datent de la fin du XIIe siècle ; la galerie sud du cloître, encore subsistante, est du début du XIVe siècle et présente des sculptures rapprochables de celles du cloître de l'abbaye de Saint-Papoul. La voûte de la salle des moines date du XVIIe siècle. Les épidémies de peste au XIVe siècle entraînent le déclin de l'abbaye ; elle est pillée en 1568 par les protestants sans être détruite, puis le domaine est mal géré. En 1781 le parlement de Toulouse autorise les créanciers à saisir et vendre une partie de la dotation ; à la Révolution, l'abbaye, réduite à deux moines, est saisie puis vendue comme bien national en 1791 à Guillaume Boussac, qui la transforme en exploitation agricole. Le domaine est alors partagé en deux : d'un côté les ruines de l'abbaye, de l'autre un groupe d'habitations vraisemblablement l'ancien logis abbatial ; ces deux parties restent séparées et appartiennent à des propriétaires différents. Au XXe siècle, les propriétaires prennent conscience de l'importance culturelle du site et entreprennent des travaux ; des consolidations de l'église sont menées par le service des Monuments historiques de 1952 à 1955. Aujourd'hui le site est divisé en deux parties : l'abbaye, ouverte à la visite, et un ensemble d'habitations situé à l'emplacement du logis abbatial transformé au XIXe siècle. Le cloître conserve des chapiteaux sculptés caractéristiques du gothique méridional languedocien des XIIIe et XIVe siècles ; on y observe des motifs humains et animaux, ainsi qu'une tête de diable dans un angle et une autre au‑dessus de l'escalier menant au clocher, motifs surprenants au regard de la règle de saint Benoît. La liste des abbés connue, telle que reprise par les sources, comprend notamment Guillaume de Compania (fondateur), Arnaud I (1151), Guillaume I Arnaud (1165), Pierre I (1171), Guillaume II Raimond (1177), Arnaud II (1205), Pierre II (1220) et de nombreux successeurs jusqu'à Jules François de Novy au XVIIIe siècle, avec quelques différences signalées entre les auteurs. L'abbaye reste classée au titre des monuments historiques depuis 1916.