Origine et histoire de l'Abbaye Sainte-Marie du Désert
L'abbaye Notre‑Dame du Désert est un monastère cistercien‑trappiste situé à Bellegarde‑Sainte‑Marie, en Haute‑Garonne. Selon une tradition orale, vers 1099 Marie Desclassan, jeune noble, se retire dans le vallon de l'Herm pour y mener une vie érémitique; elle meurt en 1117 et son tombeau devient un lieu de pèlerinage nommé Sainte‑Marie‑de‑l'Herm. La chapelle édifiée sur ce lieu survit à la guerre de Cent Ans mais est détruite à la Révolution. En avril 1819 l'abbé Lasserre entreprend la reconstruction de la chapelle, qui reprend le vocable de Sainte‑Marie‑du‑Désert et voit renaître les pèlerinages. En septembre 1849 l'abbé d'Avignon propose l'implantation d'une communauté contemplative, projet rendu possible par le don d'une métairie, de matériel agricole et de 22 hectares par Marie‑Joséphine Guyon. Le 21 décembre 1852 l'abbaye Notre‑Dame d'Aiguebelle délègue le père Bernard Raymond, un moine de chœur et quatre frères convers pour fonder la nouvelle communauté. L'année suivante trois moines rejoignent la communauté et, le 13 juillet, le père abbé d'Aiguebelle procède à la bénédiction solennelle; le prieuré est érigé en abbaye en 1861. À la fin du XIXe siècle et au tournant du XXe, l'abbaye connaît un essor spirituel et fonde deux maisons filles en Espagne, San Isidro de Dueñas (1891) et Viaceli (1903). Outre sa vocation religieuse et son rôle de lieu de pèlerinage, l'abbaye développe une activité commerciale par un magasin vendant essentiellement des produits alimentaires et des cosmétiques fabriqués sur place. Le 4 octobre 2020, confrontée à une communauté réduite à huit moines âgés, l'abbaye est transmise à l'association Le Village de François, décision prise pour préserver sa vocation spirituelle et refuser un projet de transformation en hôtel de luxe. Inspiré par François d'Assise et par l'encyclique Laudato si', le Village de François propose un projet de vie commune mêlant personnes handicapées, personnes sans domicile et personnes âgées, et accueille notamment une vingtaine de personnes âgées organisées en béguinage. La nouvelle communauté met en place des pratiques écologiques : jardin maraîcher en permaculture, élevage biologique de poules, maintien de l'apiculture et conversion progressive des terres en agriculture biologique. La dimension spirituelle du lieu est maintenue : l'abbatiale devient église paroissiale desservie par un prêtre diocésain retraité avec l'accord de l'archevêque de Toulouse, Robert Le Gall, sans que cette dimension soit imposée aux personnes accueillies. Afin de prévenir les abus, l'équipe de direction du Village de François instaure un système d'audit régulier. Inscrite aux monuments historiques par arrêté du 23 novembre 2022, l'abbaye comprend l'église abbatiale, la chapelle de pèlerinage, la chapelle des Malades, la plupart des bâtiments conventuels, la salle capitulaire et le sol du cloître ayant servi de cimetière, l'inscription excluant le réfectoire construit en 2003 et le porche d'entrée. Après l'érection en abbaye le 15 février 1861, dix abbés se sont succédé à sa tête : Marie Daverat (1861‑1867), Étienne Salasc (1867‑1881), Candide Albalat y Puigcerver (1881‑1911), André Malet (1911‑1936), Marie Vilanove (1936‑1948), Jean de la Croix Przyluski (1948‑1964), Adolphe Linet (1964‑1966), Alexandre Decabooter (1966‑1985), Jean‑Marie Couvreur (1986‑2013) et Pierre‑André Burton (2013‑2020).
