Origine et histoire de l'Abri de Cro-Magnon
L'abri de Cro‑Magnon est un site préhistorique du Paléolithique supérieur situé dans l'ancienne commune des Eyzies‑de‑Tayac (commune nouvelle des Eyzies), en Dordogne, à quelques centaines de mètres de la gare des Eyzies. La découverte remonte à 1868, lors de travaux de construction d'une route reliant les Eyzies au bourg de Tayac ; il ne s'agissait pas, contrairement à une idée répandue, de travaux liés à la voie ferrée inaugurée en août 1863. L'enlèvement de pierres au pied d'une falaise formant un abri naturel a mis au jour des silex, des os travaillés et des ossements humains. Édouard Lartet fit suspendre le chantier et son fils Louis réalisa les premiers relevés. Louis Lartet préleva et envoya au Muséum national d'histoire naturelle de Paris les ossements fossiles de cinq individus : un enfant et quatre adultes, dont un homme d'environ quarante ans, de grande taille et malade, inhumé avec des outils en pierre et des parures en coquillage. D'autres ossements découverts par les ouvriers ont été perdus, peut‑être une dizaine des quinze au total. Le ministre de l'Instruction publique Victor Duruy demanda que les silex et les parures associés soient répartis entre différents musées. Le site, vidé et mal documenté, resta à l'abandon et les comptes rendus de fouilles furent si imprécis que les archéologues ne purent déterminer avec certitude l'emplacement exact des squelettes. Une étude récente a daté la sépulture associée aux ossements à environ 28 000 ans, soit au Gravettien. L'abri a été classé au titre des monuments historiques le 9 janvier 1957 et, depuis 1979, il fait partie de l'ensemble inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco sous l'intitulé « sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère ». Jean‑Max Touron acquit l'ensemble du site en 2011, l'aménagea à des fins pédagogiques et l'ouvrit au public en avril 2014. En 2023, il mit le site en vente ; l'État, par le ministère de la Culture, l'acheta ainsi que la grotte de Saint‑Cirq en novembre 2024. Parmi les pièces liées à la découverte figurent le moulage du crâne d'un des individus, un grattoir et des parures issus de la collection de Louis Lartet, certaines de ces pièces étant conservées au Muséum de Toulouse.