Origine et histoire
L'abri du Cap-Blanc, situé sur la commune de Marquay en Dordogne, est un abri sous roche préhistorique orné de sculptures animales attribuées au Magdalénien. Découverte lors de fouilles dirigées par Jean-Gaston Lalanne en 1908, la frise sculptée occupe treize mètres et se divise en deux panneaux comprenant quatorze figures en haut ou bas-relief, principalement des chevaux avec des vestiges de peintures. Cette frise est la seule sculpture paléolithique de ce type présentée au public. Raymond Peyrille mène les premières fouilles en 1909 et les sculptures sont décrites par J.-G. Lalanne et Henri Breuil en 1911. Lors de la construction d’un mur de protection en 1911, on met au jour, sous la frise de chevaux, le squelette presque complet d’une femme ; son dégagement est conduit par Denis Peyrony et Louis Capitan. Ce squelette, surnommé « Magdalenian Girl », est vendu en 1926 au Field Museum de Chicago ; le spécimen visible sur le site est une copie réalisée en 2001 et des études estiment l’âge de la femme à 25–35 ans au moment de sa mort.
La frise comporte une dizaine de chevaux, dont un grand cheval de 2,15 m de long, au moins trois bisons, un bouquetin et quelques figures imprécises ; les sculptures, profondes et parfois en haut-relief, sont datées d’environ 15 000 ans AP. Les reliefs couvrent treize des seize mètres de l’abri et présentent des traces d’ocre rouge, signe qu’ils étaient sans doute rehaussés de couleurs ; les outils en silex retrouvés lors des fouilles témoignent des techniques employées. Par la vigueur et la profondeur de ses reliefs, l’abri du Cap-Blanc est considéré comme un des chefs-d’œuvre de la sculpture pariétale monumentale du Paléolithique supérieur. Peu d’abris sculptés comparables sont connus, comme le Roc-aux-Sorciers, la Chaire-à-Calvin ou l’abri Reverdit, et ces sites associent art rupestre et occupations humaines, montrant que l’art paléolithique ne se limite pas aux grottes profondes mais s’inscrit aussi dans des lieux de vie.
L’abri se situe dans le quart sud-est du département, en Périgord noir, à environ 2,5 km à vol d’oiseau à l’ouest du bourg de Marquay, sur la rive droite de la Grande Beune, à quelque 500 m en aval du château de Laussel. Il jouxte plusieurs sites préhistoriques : l’abri de Laussel à moins de 100 m en amont, la grotte de Commarque à 500 m au sud-est, l’abri de la Grèze un peu plus loin en aval, puis une concentration de sites autour des Eyzies comprenant notamment les Combarelles, Font-de-Gaume et, plus à l’ouest dans la vallée de la Vézère, la Mouthe, les abris Pataud et de Cro-Magnon, l’abri du Poisson et les Laugerie Basse et Haute.
Les sculptures sont classées au titre des monuments historiques depuis le 28 novembre 1910 et la bande de terrain longeant la falaise (40 × 10 m) est classée depuis le 13 octobre 1926. L’abri fait partie des quinze « sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère » inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979. L’État a acquis l’abri le 14 avril 2006. Le Centre des monuments nationaux, gestionnaire du site, en assure la protection en limitant le nombre de visiteurs et propose des visites guidées tout au long de l’année ; un musée implanté sur place présente le mode de vie des hommes de Cro-Magnon qui ont occupé et décoré cet abri.