Abri Reverdit à Sergeac en Dordogne

Patrimoine classé Vestiges préhistoriques Abris sous roche

Abri Reverdit à Sergeac

  • D65
  • 24290 Sergeac
Abri Reverdit à Sergeac
Abri Reverdit à Sergeac
Abri Reverdit à Sergeac
Abri Reverdit à Sergeac
Crédit photo : Père Igor - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Frise chronologique

XIXe siècle
Époque contemporaine
1900
2000
1878
Découverte du site
1923
Identification de la frise
1924
Classement historique
1927
Relevé complet
1935
Publication générale
1965
Nouveau croquis
1985-1987
Fouilles récentes
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Abri sous roche à bas-reliefs préhistoriques du vallon de Castelmerle (Reverdit) (cad. C 498) : classement par arrêté du 5 juillet 1924

Personnages clés

Alain Reverdit Découvreur de l'abri et premier fouilleur du site.
M. Castanet Identifia le bas-relief de la voûte en 1923.
Henri Breuil Abbé qui releva partiellement la frise en 1923.
Louis Capitan Expertisa le site avec Denis Peyrony en 1923.
Denis Peyrony Expertisa le site avec Louis Capitan en 1923.
F. Delage Découvrit dix-neuf blocs sculptés et publia une étude complète en 1935.
André Leroi-Gourhan Publia un nouveau croquis de la frise en 1965.
D. Robin Dirigea des fouilles entre 1985 et 1987.
A. Roussot Dirigea des fouilles entre 1985 et 1987.
Denise de Sonneville-Bordes Étudia l'industrie lithique du site.
C. Bourdier Réalisa une étude complète de la frise sculptée.

Origine et histoire de l'Abri Reverdit

L'abri Reverdit est un abri sous roche situé à Sergeac, dans la vallée de la Vézère (Dordogne), occupé au Paléolithique supérieur et notable pour sa frise sculptée datée du Magdalénien. Le site a été découvert en 1878 par Alain Reverdit, qui y entreprit les premières fouilles, auxquelles succédèrent des campagnes menées par M. Féaux et M. Hardy, M. Castanet, L. Didon et Denis Peyrony, puis F. Delage, qui découvrit dix-neuf blocs sculptés. Le bas-relief de la voûte fut identifié en 1923 par M. Castanet, relevé partiellement par l'abbé Henri Breuil la même année, et rapidement expertisé par Louis Capitan et Denis Peyrony, conduisant au classement du site comme monument historique en 1924; un mur fut alors construit pour clôturer l'abri. La publication générale par F. Delage parut en 1935 après un relevé complet effectué en 1927; un nouveau croquis, probablement d'après photographie, fut publié par André Leroi-Gourhan en 1965, et la dernière opération de fouille connue s'est déroulée entre 1985 et 1987, dans le cadre d'aménagements, sous la direction de D. Robin et A. Roussot. Les analyses du matériel ont été menées par divers spécialistes : Denise de Sonneville-Bordes a étudié l'industrie lithique et C. Bourdier a réalisé une étude récente et complète de la frise sculptée.

L'abri ne se trouve pas isolé et une dizaine d'autres sites contemporains sont recensés à proximité; il s'ouvre au pied d'une falaise orientée à l'est et présente des dimensions modestes : environ 15 m de large, 5 m de profondeur et 3 m de hauteur, avec une terrasse en pente douce pour l'accès, tandis que la voûte est presque entièrement effondrée.

Le site a été fortement altéré depuis la Préhistoire par des facteurs naturels — une source d'eau à l'intérieur de l'abri, la gélifraction, le développement de végétation et de mondmilch sur la paroi — et par des facteurs humains. Utilisé comme bergerie au moment de sa découverte, il a subi des dégradations liées aux recherches anciennes : les figures de la frise ont été grattées pour les faire ressortir, des marques d'outils métalliques sont visibles et la quasi-totalité du sédiment archéologique a été extraite lors de fouilles peu documentées. Les campagnes récentes de Robin et Roussot n'ont pas pratiqué de tamisage ni pris en compte la répartition spatiale des vestiges, de sorte que la plupart des objets exhumés sont perdus, dispersés ou mêlés, et les informations disponibles pour l'étude du site sont lacunaires.

L'occupation du site remonte à la fin du Paléolithique supérieur, au Magdalénien, et peut-être au Badegoulien si l'on se réfère à la typologie des outils en os et de la pierre taillée découverts; les recherches récentes indiquent la présence d'au moins trois couches d'occupation, dès le Magdalénien inférieur et jusqu'au Magdalénien supérieur. Les datations par le carbone 14 confirment une fréquentation comprise entre environ 17 000 et 15 000 ans avant le présent. La datation directe de la frise est impossible, mais la présence d'outils susceptibles d'avoir servi à sa réalisation dans les couches archéologiques suggère sa contemporanéité avec les phases moyennes et supérieures du Magdalénien.

Le mobilier retrouvé est varié : des outils en os, rares mais divers et parfois décorés, tels que des sagaies à rainure et des baguettes demi-rondes; des éléments de parure, des plaquettes et des galets gravés; et un outillage en pierre taillée abondant. Les seuls éléments directement liés à la frise sont des pics qui auraient pu servir à sa réalisation, et la présence de substances colorantes dans les couches archéologiques plaide en faveur d'un rehaussement peint des parois. Les restes fauniques comprennent des chevaux, des cerfs, des bouquetins et de grands bovidés, espèces chassées par les occupants.

La frise sculptée occupe la partie supérieure de l'abri, s'étend sur environ 3,5 m à hauteur d'homme, et est aujourd'hui très détériorée, si bien qu'il n'existe pas de consensus sur le nombre et l'identification exacts des figures. Quatre figures sont clairement identifiées : l'avant-train d'un cheval séparé par une diaclase d'un second cheval, puis deux bisons disposés en file; Breuil et Delage ont évoqué d'autres éléments non confirmés par des recherches récentes, tandis que Leroi-Gourhan a proposé l'identification d'une tête de carnassier probablement naturelle et que Bourdier a repéré une probable tête de cheval supplémentaire. Tous les animaux sont représentés de profil et orientés vers la vallée de la Vézère; les figures, de dimensions relativement homogènes mesurant plusieurs dizaines de centimètres, sont réalisées par piquetage pour dégager un bas-relief, et quelques variations techniques laissent supposer des interventions successives. Selon Bourdier, la frise aurait connu trois phases : d'abord deux bisons, puis la réalisation d'un grand bas-relief avec chevaux et bisons, enfin une retouche supprimant la tête du premier bison, laissant l'ensemble inachevé.

Dix-neuf blocs gravés, probablement issus d'un effondrement de la voûte, ont été exhumés; quatre figures ont été identifiées sur ces surfaces, notamment la moitié inférieure d'un bison et l'arrière-train d'un bovidé, plusieurs blocs portent des cupules et certains montrent des traces de peinture noire et rouge.

Plusieurs sites magdaléniens présentent également des frises sculptées ; à proximité, l'abri de Cap Blanc offre une frise comparable par certains aspects, contemporaine et rehaussée de peinture, mais l'abri Reverdit se distingue par la faible profondeur de ses figures et par des différences stylistiques dans la morphologie des chevaux et des bisons. La plus importante frise sculptée de la période reste celle du Roc-aux-Sorciers, qui, comme l'abri Reverdit, associe représentations abstraites et animaux.

Liens externes