Origine et histoire des Alignements
Les alignements de Kerzérho sont un site archéologique de la commune d'Erdeven, dans le Morbihan ; l'ensemble, fragmenté en plusieurs files mégalithiques, s'étire d'ouest en est sur environ 2,70 km et comprend près de 1 100 menhirs. Prosper Mérimée en donne une longue description dans Notes d'un voyage dans l'Ouest de la France et signale que la construction d'une route aurait détruit l'extrémité occidentale de l'alignement. L'extrémité occidentale a fait l'objet d'un classement aux monuments historiques et d'une restauration conduite par Félix Gaillard, restau ration ensuite critiquée par Zacharie Le Rouzic. Une campagne de prospection et d'inventaire a été menée en 2007 dans les zones boisées en liaison avec l'ONF.
L'alignement principal conserve son orientation ouest-est sur près de 2,70 km, mais au sud du secteur de Mané-Bras il forme un coude d'environ 120° sur 300 m avant de reprendre son cap initial. L'ensemble rassemble environ 1 100 menhirs, dont certains ont été retirés autrefois par des paysans lors du défrichement ou par des carriers venus s'approvisionner en pierres. Le tracé principal est morcelé en plusieurs tronçons souvent considérés comme des alignements distincts, tels que Kerzérho, Kerjean, Kerbernès, Mané-Braz, Coët er Blei et Bovelane, et il comporte en outre des menhirs isolés.
L'extrémité ouest, traversée par la RD 781, comprend 165 menhirs répartis en dix files plus ou moins parallèles, dont quatre ou cinq files principales s'étendent sur plus d'une centaine de mètres et couvrent jusqu'à 60 m de large ; cette zone concentre la majorité des blocs et aurait été précédée, côté ouest, par une enceinte mégalithique détruite lors de la construction de la route. À 75 m au nord de cette extrémité se trouve un petit alignement secondaire de 23 menhirs, dressés ou couchés, dont trois dépassent 6 m et sont connus sous l'appellation des « géants de Kerzérho », l'un d'eux étant appelé la Table du sacrifice ; l'un des menhirs porte une gravure en forme d'écusson, unique exemple d'art pariétal clairement attesté dans les alignements régionaux, et Le Rouzic note qu'un bloc a été redressé à l'envers.
La section de Kerjean Ouest, située dans une parcelle boisée privée, rassemble 15 menhirs dont trois sont encore debout ; les treize premiers forment une file de 55 m orientée à 105° et l'un d'eux porte des traces de tentative de débitage, tandis que deux autres blocs se trouvent légèrement décalés au nord-ouest. La section de Kerjean Est, aménagée en partie pour le public, compte au moins cinquante menhirs recensés en trois ensembles : certains sont visibles parce qu'incorporés à des murets de parcelles, mais la plupart sont couchés et masqués par la végétation.
La parcelle dite Kerbernès, boisée et délimitée par des murets en pierres sèches, comporte 52 menhirs et blocs recensés dont huit sont encore dressés ; plusieurs gros blocs intégrés aux murs correspondent probablement à d'anciens menhirs et une dépression centrale indique une ancienne carrière. Au point d'inflexion de l'alignement, les menhirs de Mané-Bras totalisent 364 blocs recensés, dont 116 dressés, sur une zone longue de 680 m et large de 40 à 70 m ; certains se disposent en files sur plusieurs dizaines de mètres, mais la végétation gêne la lisibilité générale, et la densité est plus forte vers l'est qu'à l'ouest.
À l'ouest de Mané-Bras, une petite file d'une dizaine de menhirs — huit debout sur quelque 20 m — paraît relier le sommet de la colline, où sont situés des dolmens, au reste des alignements ; cette configuration pourrait correspondre au côté ouest d'une enceinte mégalithique décrite par Gaillard et Le Rouzic, dont l'autre côté n'a pas été retrouvé. Trois menhirs de la partie occidentale présentent des traces de débitage et l'on observe des dépressions correspondant à d'anciennes carrières probables ; la présence d'affleurements rocheux naturels complique l'interprétation du dispositif.
Le secteur de Coët er Blei a fait l'objet d'un relevé précis en 1998 qui a permis de recenser 131 menhirs, dont l'un est surnommé la Chaise de César, la plupart portant des traces d'essais de débitage ; la prospection de 2007 a ajouté 16 menhirs couchés au sud des blocs déjà connus et le site a été inscrit au titre des monuments historiques. Enfin, la zone de Bovelane comprend 67 blocs dans sa partie sud, dont dix dressés, alignés sur 240 m selon un axe à 110° N avec des écarts pouvant atteindre 10 m de part et d'autre ; un muret parallèle, haut d'environ 1 à 1,30 m, comporte tout au long plusieurs blocs identifiés comme des menhirs probables sans qu'il soit possible de déterminer s'il a été construit autour d'une seconde file ou avec des blocs issus de la première. Au nord de cette première zone, 24 blocs supplémentaires, dont deux dressés, présentent la même orientation et plusieurs blocs déplacés ont été signalés en bordure de champ.
La tradition populaire rapporte que les menhirs de Kerzérho seraient l'avant-garde de soldats romains pétrifiés par saint Cornély, le reste des troupes formant, selon la légende, les alignements de Carnac.
