Origine et histoire de l'allée couverte
L'allée couverte de la côte du Libéra est située sur la commune d'Arronville, dans le Val-d'Oise. Elle a été découverte en février 1884 lors de l'exploitation d'une carrière dans les bancs de calcaire lutétien et fouillée immédiatement par une commission locale composée de M. Chouquet, maire, de l'abbé Barret, curé d'Amblainville, et de l'abbé Grimot, curé de l'Isle-Adam. L'édifice est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 25 janvier 1963 et a été restauré par le service régional de l'archéologie en 1970.
L'allée se situe à 90 m d'altitude, sur le coteau bordant la rive est du Sausseron, à environ 350 m de la rivière, et s'aligne selon un axe est-sud-est / ouest-nord-ouest, l'entrée étant orientée vers l'ouest-nord-ouest. Creusée dans le banc calcaire du talus sur les deux tiers de sa longueur à la manière d'un hypogée, elle mesure 12 m de long pour 1,75 à 2 m de largeur ; sa hauteur atteint 1,80 m côté entrée et pouvait s'élever jusqu'à 2,50 m au chevet, dont le plafond naturel a été détérioré par les carriers. Les parois latérales sont constituées d'une dizaine d'orthostates en calcaire, hauts de 0,65 m à 1,80 m, surmontés de couches de pierres sèches pour compenser les différences de niveau avec le plafond. Le dernier tiers de l'allée est recouvert d'une table de couverture toujours en place, longue de 2,90 m, large de 3 m et épaisse de 0,55 m ; au-dessus de l'entrée se trouvait une couverture de 1,40 m de long aujourd'hui disparue. Le chevet est formé de deux orthostates juxtaposés appuyés contre la roche et le sol était dallé de plaquettes de calcaire. L'entrée était fermée par une dalle dressée en travers de l'allée, plane côté intérieur et présentant plusieurs cavités et cupules sur sa face extérieure ; cette dalle est percée d'un "trou d'homme" rectangulaire aux angles arrondis, de 0,56 m de haut sur 0,58 m de large côté intérieur, et son bouchon, retrouvé en 1884, a depuis disparu. Un renflement de la dalle comportait un logement destiné à recevoir l'extrémité d'un bâton servant à bloquer le bouchon, système de fermeture caractéristique des dolmens de la culture Seine-Oise-Marne. L'antichambre a été détruite en 1901 lors de travaux d'élargissement de la route voisine.
D'après l'abbé Grimot, la fouille avait mis au jour 180 crânes d'hommes, de femmes et d'enfants, qui ont ensuite été dispersés ou perdus sans qu'aucune étude anthropologique n'ait été réalisée. Le mobilier funéraire comprenait des outils en silex (fragments de lames, grattoirs et autres pièces), un poinçon en os, un andouiller de cerf pouvant avoir servi de pic et des tessons d'une céramique grossière décorée d'impressions réalisées avec l'ongle du pouce.