Origine et histoire de l'allée couverte
L'allée couverte des Déserts, également appelée allée couverte de la Butte-Vachon, est située à Argenteuil, dans le Val-d'Oise. Le site, connu dès le début du XIXe siècle comme un lieu inculte au milieu de parcelles cultivées et surnommé « Désert », a livré des vestiges mis au jour par le ravinement. Après que des travaux de carrière eurent partiellement détruit la structure, la découverte d'ossements humains et d'objets en silex en janvier 1867 fut signalée par un contremaître, ce qui entraîna des fouilles dirigées par Louis Leguay pour la Société parisienne d'archéologie et d'histoire. La tombe fut ensuite restaurée par la Société française de Numismatique et d'Archéologie, et la commune d'Argenteuil la protégea avant 1899 par l'installation d'une grille cadenassée. L'édifice figure à l'inventaire des monuments historiques depuis 1943 et, initialement propriété du ministère de la Culture, il est devenu propriété communale par convention signée le 29 juin 2007. Le monument n'est ouvert au public que lors des Journées du patrimoine.
Perché à flanc de colline à 55 m d'altitude et dominant la Seine distante d'environ 100 m, l'édifice est orienté selon un axe nord-nord-ouest / sud-sud-est vers le fleuve. Lors des fouilles, la longueur conservée de l'allée couverte atteignait 9,30 m, mais la présence d'un sol dallé se poursuivant sur plus de 3,70 m au-delà permet de supposer une longueur originelle d'au moins 13 m ; aucune trace d'entrée ou d'éventuelle antichambre n'a été retrouvée. Construite semi-enterrée, la chambre présente une section presque carrée de 1,90 m de hauteur pour 1,90 m de largeur ; ses parois sont composées de deux murs de plaquettes en meulière et calcaire soigneusement empilées à sec. Le chevet est fermé par une dalle de 2,10 m de largeur, légèrement inclinée vers l'intérieur, et le sol était couvert de dallettes ; d'après le plan dressé par Leguay, la chambre était coiffée par cinq tables de couverture en grès, la plus proche du chevet étant brisée en deux. L'ensemble était surmonté d'un cairn dolménique formé de plaquettes en calcaire et recouvert d'une couche de terre végétale constituant le tumulus connu sous le nom de « la butte Vachon ».
Les fouilles ont montré que l'arrière de la chambre avait subi un effondrement partiel durant son utilisation, perturbant la disposition des corps inhumés ; selon Leguay, les défunts avaient été déposés en position assise, adossés au mur, et un squelette d'enfant fut retrouvé en position verticale. Aucun décompte précis des individus n'est disponible, mais onze crânes ont été découverts. Le mobilier lithique comprend des outils et des armatures de flèches en silex, des haches polies dont certaines encore emmanchées dans leur gaine en bois de cerf, une hache en jadéite du mont Viso et des haches-amulettes en roche dure. Les éléments de parure consistent en deux fragments perforés taillés dans une défense de sanglier pour l'un et dans une carapace de tortue pour l'autre, ainsi qu'un pendentif en schiste et des perles en nacre ; on a également retrouvé des poinçons en os et des tessons de poterie attribués à la culture Seine-Oise-Marne. Des ossements d'animaux — blaireaux, castors, sangliers, chevaux et cerfs — faisaient également partie des découvertes. Une partie du mobilier est conservée au musée des Antiquités nationales à Saint-Germain-en-Laye. L'ensemble des vestiges a été attribué au Néolithique final.