Origine et histoire de l'allée couverte
L'allée couverte du Petit Vieux-Sou est un site mégalithique situé à Brécé, dans le département de la Mayenne. Elle est mentionnée pour la première fois par M. Pichot en 1907, puis par L. Trohel en 1908 ; en 1942, la tombe a apparemment été pillée. Des campagnes de fouille se sont déroulées entre 1978 et 1982, et l'ensemble a été inscrit au titre des monuments historiques le 14 juin 1988.
L'édifice, posé à 157 m d'altitude sur le rebord d'un plateau dominant la vallée de la Colmont, mesure 11 m de long et présente une largeur et une hauteur constantes de 1,40 m. Il est délimité par vingt-et-un orthostates et orienté selon un axe nord‑ouest/sud‑est. L'allée comporte une entrée latérale située exactement au milieu de sa longueur, caractéristique des allées couvertes de type armoricain. Cette entrée est précédée d'un court couloir perpendiculaire à la chambre, long de 2,20 m, composé de quatre orthostates et recouvert d'une seule table de couverture.
Les deux piliers d'angle entre le couloir et la chambre ont été retaillés à leur base formant une gorge d'environ 0,65 m de hauteur sur 0,20 m de profondeur, dessinant une ouverture arrondie en hublot qui devait probablement être obturée à l'origine par une dalle de mêmes dimensions. Le tumulus, ovale (15 m de long sur 6 m de large), enfermait étroitement la chambre. Des contre-piliers placés en quinconce derrière les orthostates consolidaient l'ensemble et comblèrent les interstices entre dalles. Le remplissage du tumulus était constitué d'un mélange d'argile et de sable compacté sur 2 m de largeur et 0,60 m de hauteur. Le parement externe, retrouvé côté est sur 7 m, était formé de grosses pierres plates dressées sur chant et légèrement inclinées vers la chambre. L'ensemble devait être recouvert d'un cairn dont il ne subsiste aucune trace d'origine, et qui culminait à 2,50 m de hauteur.
Compte tenu de son bon état de conservation, des travaux de restauration ont été réalisés en utilisant des éléments d'origine ; un orthostate, quatre tables de couverture et les pierres supérieures du cairn ont été reconstitués avec des éléments locaux similaires.
La couche archéologique interne était une litière de sable de 0,25 m d'épaisseur ; en raison de l'acidité du sol, aucun ossement n'a été conservé. Le mobilier retrouvé dans la chambre comprenait trois haches polies, deux pointes de flèche, plusieurs lames de silex, de nombreux tessons de céramique et sept vases cassés mais quasi complets ; aucun élément de parure n'a été recueilli à l'intérieur de la chambre. En additionnant le mobilier trouvé hors de la chambre, dans les déblais du pillage de 1942 et aux abords du tumulus, ce sont au total 1 280 objets qui ont été recueillis : treize vases presque complets, six vases dont la forme est reconnaissable, un petit gobelet percé et 1 180 tessons divers ; 81 objets lithiques dont cinq haches polies (trois en silex, deux en dolérite), cinq armatures de flèche (trois tranchantes, deux perçantes) ainsi que de nombreux grattoirs et lames ; enfin une pendeloque fine et plate, probablement en schiste, percée en son sommet, et une perle grossièrement cylindrique en roche dure à grain fin. La céramique est en général grossière, mal cuite, fragile, sans symétrie ni régularité, parfois franchement bancale ; elle se compose de vases à fond rond ou plat et de formes intermédiaires, décorés de ponctuations et de rainures sommaires. Le petit gobelet, de mauvaise facture et dissymétrique, présente un trou de 15 mm sous le rebord dont l'usage reste incertain.
Une partie du mobilier est exposée au musée archéologique de Jublains. La datation C14 des charbons de bois recueillis en 1979 a donné 3 960 BP +/- 70 ans, soit une fourchette comprise entre 2 800 et 2 260 av. J.-C.