Allée sépulcrale couverte néolithique dite du Bois Couturier à Guiry-en-Vexin dans le Val-d'oise

Patrimoine classé Patrimoine Celtique Allées couvertes

Allée sépulcrale couverte néolithique dite du Bois Couturier

  • Chemin des Fermés
  • 95450 Guiry-en-Vexin
Allée couverte du Bois-Couturier à Guiry-en-Vexin
Allée sépulcrale couverte néolithique dite du Bois Couturier
Allée sépulcrale couverte néolithique dite du Bois Couturier
Allée sépulcrale couverte néolithique dite du Bois Couturier
Allée sépulcrale couverte néolithique dite du Bois Couturier
Allée sépulcrale couverte néolithique dite du Bois Couturier
Crédit photo : P.poschadel - Sous licence Creative Commons
Propriété du département

Période

Néolithique récent

Patrimoine classé

Allée sépulcrale couverte néolithique dite du Bois Couturier (cad. B 95) : classement par arrêté du 24 mai 1958

Origine et histoire de l'allée couverte

L'allée couverte du Bois-Couturier se situe dans le bois de Morval, sur la commune de Guiry-en-Vexin, dans le nord-ouest du Val-d'Oise. Elle fut découverte en octobre 1915 par un ouvrier agricole qui heurta des pierres en labourant ; un premier sondage fut interrompu à la découverte d'ossements. Les premières fouilles, conduites par Romain Branchu et Léon Plancouard, commencèrent en mars 1916 mais s'arrêtèrent en octobre de la même année en raison des conditions. Adrien de Mortillet reprit les opérations en septembre 1919. Le monument fut classé au titre des monuments historiques le 24 mai 1958, malgré des dégradations et des fouilles clandestines qui se poursuivirent ensuite. En juillet 1960, on constata la présence d'ossements encore non fouillés ; les travaux furent finalement achevés en 1973 et le monument restauré.

L'allée est aménagée à mi-hauteur de la Butte de Cléry, à 102 m d'altitude, et domine la vallée de l'Aubette ; elle s'étend sur 8,50 m selon un axe nord-nord-est / sud-sud-est, l'entrée étant au sud-sud-est. La chambre mesure 7 m de long, sa largeur passant de 2 m à l'entrée à 1 m au fond, et sa hauteur atteint 1,30 m. Le premier mètre à gauche de l'entrée était constitué de trois orthostates d'environ 0,60 m de hauteur ; le reste des murs latéraux est formé de plaquettes de calcaire posées à plat, d'une épaisseur de 0,40 à 0,50 m et cimentées de terre. La chambre était couverte par trois tables, une quatrième ayant été retirée en 1919 ; la première table près de l'entrée est brisée en deux, les deux autres mesurent respectivement 2,75 m par 2 m pour 0,40 m d'épaisseur et 3,75 m par 2,40 m pour 0,50 m d'épaisseur. Lors de la découverte, la première table était enfouie sous 0,40 à 0,50 m de terre et les angles des murs près du chevet sont légèrement arrondis.

L'antichambre, longue de 1 m sur 1,85 m de large, est délimitée par deux dalles latérales qui mesurent 1,75 m de largeur pour 1,73 m de hauteur et 1,37 m de largeur pour 1,60 m de hauteur, calées à leur base par des pierres plates. Une dalle transversale d'un mètre de hauteur fermait l'antichambre en laissant un passage d'environ 0,75 m ; elle fut retirée en 1916 puis réutilisée lors de la restauration pour compléter la première table. Le sol de l'antichambre n'était pas dallé et aucune table de couverture n'a été retrouvée au-dessus de celle-ci.

La dalle d'entrée mesure 1,65 m de hauteur, 1,38 m de largeur et présente une épaisseur maximale de 0,20 m ; elle est encadrée par de petits murets en plaquettes de calcaire qui la relient aux dalles latérales. Cette dalle est percée d'une ouverture presque circulaire de 0,55 à 0,65 m de diamètre, entourée d'une feuillure de 7 à 9 cm de profondeur ; cette ouverture, dite « Trou des âmes », est une caractéristique de la culture Seine-Oise-Marne. Le bouchon de fermeture, de 0,53 à 0,59 m de diamètre avec un rebord correspondant à la feuillure, pèse 158 kg et comporte un anneau destiné à le maintenir par une barre transversale en bois ; ce bouchon est conservé au musée archéologique départemental du Val-d'Oise, la pièce visible sur place étant une réplique.

Les deux orthostates de l'antichambre sont décorées en relief du motif dit de « la déesse des morts », composé d'une paire de seins de 5 cm de diamètre surmontée d'un collier ; l'un des seins fut endommagé lors des fouilles et les colliers sont incomplets, leurs extrémités supérieures disparaissant au bord supérieur des dalles. Deux courbes concentriques apparaissent sur la dalle ouest et une seule sur la dalle est.

Lors des fouilles d'Adrien de Mortillet, la chambre était encore remplie d'ossements humains mêlés à de la terre ; il estima environ 200 inhumations, mais la fouille ne fut pas complète et des ossements subsistaient en 1960. Dans la chambre furent recueillis des silex (extrémité de hache, percuteur, quatre grattoirs, deux racloirs, une pointe tranchante), des outils en grès et en os, ainsi que des tessons de poterie dont une grande anse. L'antichambre présentait plusieurs couches : une première couche recouvrait le bouchon suite à l'affaissement des dalles latérales, puis un remblai néolithique vierge de mobilier d'environ 0,50 m d'épaisseur. Selon Plancouard et Branchu, ce remblai recouvrait trois squelettes complets, un foyer carré de 0,35 m de côté, un crâne massif d'homme âgé et des ossements correspondant à environ vingt individus, et ils recueillirent également un marteau en pierre et des tessons à pâte mal cuite dont l'un porte des traces de décor géométrique.

Les crânes et ossements étudiés au laboratoire d'anthropologie de l'École des hautes études indiquent une taille moyenne de 1,62 m pour les hommes et de 1,54 m pour les femmes. Des analyses au radiocarbone attribuent l'allée couverte à la fin du Néolithique, à la fin du IIIe millénaire av. J.-C.

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