Amphithéâtre de Grand dans les Vosges

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Patrimoine classé

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Origine et histoire de l'Amphithéâtre

L'amphithéâtre gallo-romain de Grand (Vosges) se situe hors du village, au sud de la D71e, sur les pentes de la combe de la Roche et à l'extérieur du rempart du Haut-Empire. Construit à la fin du Ier siècle, il figure parmi les plus vastes amphithéâtres du monde romain et a été classé comme semi-amphithéâtre par Jean-Claude Golvin. Sa capacité est estimée entre 16 000 et 20 000 spectateurs, reflet de l'importance de l'agglomération antique d'Andesina (Grand). L'édifice mesure 148 m dans son grand axe est-ouest et 64,50 m dans son petit axe nord-sud ; l'arène fait 50,80 m par 34 m. L'amphithéâtre associe une arène elliptique posée sur le terrain naturel et une cavea divisée en trois maeniana, dont les gradins supérieurs n'ont été construits que sur le versant sud. Au nord, la cavea est interrompue par une façade rectiligne comportant au centre des gradins et, de part et d'autre, cinq arcades aveugles qui suivent la pente ; deux d'entre elles subsistent à l'ouest. L'arène est bordée d'un podium en vestiges et d'espaces sacrés (sacella) situés de part et d'autre du petit axe, où ont été retrouvées une dédicace à Mars et des autels à Jupiter héliopolitain, Diane et Némésis. L'accès à l'arène se faisait par des parodoi voûtées conduites par un couloir axial qui aboutit à quatre salles de service formant sas. La maçonnerie combine un blocage assisé et un parement de moellons très réguliers de petit appareil, aux joints tirés au fer et peints en rouge ; la zone nord-est a été reprise en grand appareil au IIIe siècle. Le site dépendait de l'agglomération de Grand, où se trouvait un sanctuaire dédié au dieu guérisseur Apollon-Grannus. Des traditions anciennes attribuent des visites impériales et des travaux d'embellissement, mais ces hypothèses sont fortement remises en question par les historiens contemporains. Le monument est mentionné dès le XIIe siècle par Rupert de Tuy ; des observations datent de 1760-1761 et les premières fouilles méthodiques ont été conduites par Jean‑Baptiste Prosper Jollois entre 1820 et 1823. Des sondages ont été réalisés en 1840 et 1880, et l'amphithéâtre a servi de carrière avant d'être classé au titre des monuments historiques en 1846. Après la découverte d'un mur par des enfants, des campagnes de fouilles dirigées par Édouard Salin et Roger Billoret se sont déroulées de 1963 à 1976, d'abord avec des équipes locales puis avec des volontaires et des services archéologiques ; la décision de 1964 d'utiliser la cloaca antique pour l'évacuation des eaux du village a lancé le dégagement complet du monument. Menées par la Conservation régionale de l'archéologie de Lorraine, les études ont porté sur l'amphithéâtre, l'enceinte longue de 1 760 mètres, des quartiers d'habitation extérieurs et un important réseau de galeries souterraines long de 7 kilomètres. Des recherches conduites en 1990, dans le cadre d'une convention de mécénat signée en 1989, ont montré que ces galeries relèvent d'un réseau karstique naturel aménagé à l'époque romaine pour améliorer le débit hydraulique ; la convergence de ce réseau sur une résurgence explique le choix du site pour un culte des eaux. Les campagnes de dégagement, publiées dans la revue Gallia, et les prospections géophysiques ont renouvelé l'interprétation du site et permis de localiser le noyau hydraulique du sanctuaire. Dans les années 1993-1995, une couverture en iroko lamellé-collé a été posée pour protéger les maçonneries gélives de la partie ouest ; des gradins restitutifs offrent désormais 4 500 places et restituent en partie le volume originel de l'amphithéâtre.

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