Origine et histoire de l'Amphithéâtre
L'amphithéâtre de Poitiers, appelé aussi arènes de Poitiers ou Palais Gallien, est un édifice romain implanté hors de la ville antique de Limonum (Poitiers, Vienne). Sa datation fait l'objet d'un débat : la notice du ministère de la Culture et Antonin Bourgnon de Layre l'attribuent au IIe siècle, tandis que Jean Hiérnard et Jean‑Claude Golvin l'estiment dans la première moitié du Ier siècle. L'édifice, de forme elliptique, figure parmi les plus grands amphithéâtres de Gaule. Les dimensions communiquées varient selon les sources, certaines mentionnant 142 × 125 m et d'autres 155,80 × 130,50 m, la hauteur pouvant atteindre environ 35 m depuis le niveau de l'arène jusqu'au sommet. Des estimations anciennes évoquent une capacité comprise entre environ 22 000 et 30 000 spectateurs. L'amphithéâtre se situait au sud de la ville antique, sur un éperon dominant une boucle du Clain au confluent de la Boivre, hors de la zone bâtie, et son grand axe est orienté nord‑nord‑est — sud‑sud‑ouest, en concordance avec la direction des cardines. Dans la voirie moderne, la rue Magenta traverse le site selon ce grand axe et plusieurs rues suivent la courbure de la cavea ou aboutissent au centre de l'arène. À chaque extrémité nord et sud se trouvent de larges vomitoires voûtés et pentus desservant l'arène encaissée, tandis que l'axe est‑ouest comporte deux entrées plus modestes. Les murs rayonnants sont bâtis en petit appareil de moellons réguliers, alors que les murs annulaires présentent un appareil moins soigné, sans recours apparent aux terres cuites architecturales. Les voûtes des arcs sont réalisées avec des pierres plates posées en rayonnement pour épouser leur forme. L'hypothèse d'une façade en grand appareil, totale ou partielle, ne peut être vérifiée faute de vestiges. Les gradins étaient desservis par des galeries à plusieurs niveaux reliées par des escaliers intérieurs ; l'existence d'une galerie périphérique en rez‑de‑chaussée reste incertaine. L'amphithéâtre semble avoir été désaffecté à la fin de l'Antiquité et aurait été transformé en citadelle par les Wisigoths, avant une ruine progressive. Aux périodes médiévale et moderne, l'aire de l'amphithéâtre a été occupée par des habitations et des jardins, des arcades et voûtes subsistant encore au XVIIe et XVIIIe siècles selon des témoignages. Au XIXe siècle, la plupart des structures avaient disparu : en 1844 une seule arcade était visible, et après la vente des restes par les hospices en 1857 des immeubles furent construits sur le site. Les vestiges ont été protégés au titre des monuments historiques à plusieurs reprises (mentionnés en 1840, complétés en 1935 et 1962). Aujourd'hui, des voûtes rayonnantes des premier et deuxième niveaux d'arcatures restent visibles rue Bourcani, et plusieurs éléments de murs et de voûtes sont intégrés aux maisons et caves des rues des Arènes romaines et Magenta. Des représentations et plans anciens, notamment des aquarelles de Louis Boudan (1699) et un plan de Lamotte aîné (1843), ainsi que des études récentes, documentent l'édifice et ses vestiges, mis en valeur par des expositions et travaux scientifiques.