Origine et histoire de l'Amphithéâtre
L'amphithéâtre romain de Saintes, appelé localement les arènes, se situe à Mediolanum Santonum, capitale de la civitas Santonum et de la province de Gaule aquitaine. Son implantation tire parti d'un vallon orienté est‑ouest ouvert vers la Charente : les flancs nord et sud supportent une partie de la cavea tandis que l'ouest est fermé par un remblai qui porte le monument et la voie de Saintes à Bordeaux. L'édifice occupe aujourd'hui une position centrale dans la ville moderne, autour de laquelle s'est développée l'urbanisation depuis le XIXe siècle, et l'avenue des arènes prolonge son entrée vers la Charente. La construction pourrait avoir commencé sous Auguste et s'achever sous Claude, comme l'indique un fragment d'inscription retrouvé sur place et certaines caractéristiques julio‑claudiennes. Un caniveau en bois daté de la fin du IIIe siècle montre que l'amphithéâtre a fait l'objet de travaux de réfection et qu'il était encore utilisé à cette époque. Il semble toutefois délaissé dans la première moitié du IVe siècle : l'arène se comble progressivement et les maçonneries sont remployées pour l'enceinte de Saintes puis pour des constructions médiévales; un habitat s'installe dans la cavea au VIIIe siècle. Reconnu dès le XVIIIe siècle comme édifice de spectacles antiques, le monument a été relevé, fouillé et restauré à plusieurs reprises; il figure sur la liste des monuments historiques de 1840, classement confirmé en 1914. Des fouilles et dégagements ont eu lieu en 1877, l'arène a été déblayée en 1906 et des inondations importantes ont causé des dégâts en 1982. Au XXIe siècle subsistent l'arène, les fondations, la plupart des murs rayonnants des caissons et des voûtes près de l'entrée orientale; quelques gradins d'origine ont été dégagés et d'autres reconstruits sur le même modèle. Un programme de préservation et de restauration, précédé de fouilles, a été engagé en 2021 pour protéger le monument qui reste pourtant exposé aux crues de la Charente.
L'amphithéâtre mesure 126,40 m sur 101,60 m et peut accueillir au moins 15 000 personnes; l'arène fait 65,20 m de long sur 39,20 m de large. Le monument associe une structure pleine, exploitant le remblai et les flancs du vallon pour soutenir la cavea, et une structure creuse du côté oriental entièrement édifiée sur voûtes rayonnantes, où la façade atteint son développement maximal avec deux niveaux d'arcades. Des murs de soutènement radiaux délimitent des couloirs d'accès et des caissons remplis de remblais qui nivelent la surface de la cavea ; la plupart des gradins reposent directement sur le sol naturel ou ces remblais. Les maçonneries sont principalement en petit appareil de moellons calcaires ou en pierres plates montées sur chant pour voûtes et arcatures, tandis que de grands blocs servent aux gradins les plus proches de l'arène, au mur du podium, aux escaliers et aux piédroits des entrées. Deux tunnels sous la cavea relient l'arène à l'extérieur par de grandes portes orientale et occidentale, respectivement la porte Sanavivaria dite « porte des vivants » et la porte Libitinensis dite « porte des morts », cette dernière étant aujourd'hui murée et comblée. Le rez‑de‑chaussée ne présente pas de galerie annulaire continue ; une galerie existe au premier étage, seulement près de la porte orientale, accessible par des escaliers voisins. Une esplanade extérieure, située du nord à l'ouest à dix ou onze mètres sous le couronnement de la cavea, permet d'accéder aux gradins par vingt‑huit escaliers bordés de murs formant les caissons des remblais. Les places les plus proches de l'arène sont en pierre et conservées partiellement, les rangs supérieurs étaient vraisemblablement en bois jusqu'au sommet de la cavea. À mi‑pente sud se trouve une petite fontaine dite Sainte‑Eustelle, dont l'aménagement semble remonter au XIIe siècle et qui est liée au remblaiement des abords à cette époque. L'arène est ceinturée par un mur de podium en grand appareil haut de 2 mètres et épais de 0,80 m, posé à joints vifs ; elle ne comporte pas de sous‑sol de service mais un égout longitudinal évacue les eaux vers la Charente, recueillies par un caniveau annulaire à la base du podium. Des pièces de service bordent les couloirs d'accès et s'ouvrent à la fois sur les passages et sur l'arène ; deux petites pièces opposées sur le petit axe, au pied de la cavea, pourraient être des sacella surmontés d'une loge d'honneur.