Amphithéâtre gallo-romain à Agen dans le Lot-et-Garonne

Amphithéâtre gallo-romain

  • 47000 Agen
Crédit photo : Joël Thibault - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

Gallo-romain

Patrimoine classé

Les vestiges de l'ancien amphithéatre (cad. BL 283 à 286, 289, 291 à 308, 314, 315, 407, 412, 415 à 423, 425 à 428, 436, 631, 637, 659 à 661, 666, 683, 684, 702, 703, 715, 716, 779, 785 à 787, 816, 817) : inscription par arrêté du 31 janvier 1991

Origine et histoire

L'amphithéâtre d'Agen est un édifice de spectacles antique situé à Aginnum, dans le quartier des Tanneries, aujourd'hui en Lot‑et‑Garonne. Sa datation reste incertaine, mais sa construction puis son agrandissement semblent remonter au Ier siècle apr. J.-C., d'après des rapprochements architecturaux avec les amphithéâtres de Bordeaux, Poitiers ou Pula. À son état maximal, il mesure environ 115 × 100 m et sa capacité est estimée entre 12 000 et 15 000 spectateurs. Son abandon est engagé dans la seconde moitié du IVe siècle. L'existence du monument est pressentie dès le début du XIXe siècle, sa localisation est approximativement établie au début des années 1980, il est mis au jour lors de fouilles en 1988‑1989 et inscrit au titre des monuments historiques en 1991 ; ses vestiges sont aujourd'hui enfouis sous des aménagements récents.

Le site avait d'abord connu une occupation nativiobre sous la forme d'un oppidum sur le plateau de l'Ermitage, avant la fondation de la ville gallo‑romaine d'Aginnum, implantée plus au sud dans la plaine, à la confluence du ruisseau de la Masse d'Agen et de la Garonne et à la croisée de voies importantes. La cité se développe comme centre commercial lié au fleuve et au réseau routier, puis semble amorcer un déclin à partir du IIe siècle. À la fin du IVe siècle, la cité est désignée sous le nom de Civitas Agenensium ; elle n'est pas totalement abandonnée et les pierres des monuments, parmi lesquels l'amphithéâtre, sont remployées pour d'autres constructions mal connues, tandis que l'hypothèse d'un abandon au Ve siècle lors des grandes invasions ne repose sur aucune preuve archéologique certaine. La ville du Haut‑Empire, sans enceinte, s'étendait sur au moins 80 hectares et s'organisait autour du decumanus maximus et du cardo maximus; Agen faisait partie des rares cités du Sud‑Ouest à posséder à la fois théâtre et amphithéâtre.

L'amphithéâtre succède à une occupation diffuse sur des graves anciennement marécageuses largement asséchées ; il est probablement édifié entre l'avènement d'Auguste et la seconde moitié du Ier siècle, son orientation reprenant celle d'un cadastre préexistant. L'édifice est construit en deux grandes phases, la seconde pouvant coïncider avec la construction du théâtre de la ville, et la récupération de ses pierres est déjà en cours à la fin du IVe siècle. L'urbanisation du quartier aux XIIIe‑XIVe siècles réemploie ses structures en fondations ou bases de murs et remblaye progressivement la cavea. Après des mentions confuses aux XVIe et XIXe siècles, l'examen du parcellaire en 1984 et des sondages de 1988 conduisent à la découverte lors de fouilles de sauvetage en 1989 ; les vestiges fouillés furent ensuite réenfouis, provoquant un débat entre municipalité et associations.

Les fouilles ont dégagé un huitième du monument dans le quadrant nord‑nord‑ouest et permettent de restituer le rez‑de‑chaussée de l'édifice ; elles mettent en évidence deux états se succédant à moins d'un siècle, le premier étant conçu comme transitoire et le second venant l'achever, apparemment pour un usage rapide et économique.

Dans le premier état, l'amphithéâtre de plan elliptique, bâti sur une structure creuse, mesure environ 107 × 90 m ; l'arène, décapée sur 1,60 à 1,80 m, couvre environ 67 × 50 m et ne montre pas d'aménagements souterrains en raison d'une nappe phréatique proche. La cavea, large d'environ 20 m, comporte six murs annulaires de 0,60 à 0,90 m d'épaisseur interrompus par des murs rayonnants qui délimitent des couloirs d'accès, et la capacité est estimée à près de 6 000 spectateurs. Les fondations, profondes d'environ 0,60 m, sont formées d'éclats de calcaire noyés dans du mortier ; les élévations associent deux parements en opus vittatum à un noyau en opus caementicium réalisé avec du mortier de chaux et des éclats de calcaire, matériaux tirés des calcaires aquitains locaux. Le podium, appuyé sur le terrain naturel, ne présente de parement que côté arène et aucun enduit ou décor n'a été identifié ; un possible euripe bordant le podium reste incertain. Un local interne, sans doute un carcer, occupe l'angle entre le vomitoire nord et l'arène, et il est probable que trois pièces analogues existaient symétriquement aux autres angles. Seuls les gradins les plus proches du podium sont en pierre et réservés à l'élite ; les gradins supérieurs devaient être en bois, reposant sur une charpente adossée aux murs annulaires maçonnés. L'accès à l'arène se fait par deux vomitoires principaux au nord et au sud, selon l'axe majeur de l'édifice, et leurs murs latéraux se prolongent d'au moins 4,90 m vers l'extérieur au‑delà de la façade.

Le second état correspond à un agrandissement par un portique continu reposant sur des piliers massifs, interrompu uniquement au niveau des vomitoires, et couronné vraisemblablement d'un attique ; la cavea est élargie à 25 m et les dimensions de l'amphithéâtre atteignent alors environ 115 × 100 m, portant la capacité à 12 000–15 000 spectateurs. Contre ce portique sont adossés des escaliers extérieurs, sans doute au nombre de quatre, qui permettent d'atteindre le sommet de la cavea, l'extension ajoutée ne communiquant pas avec l'espace ancien et nécessitant ces accès spécifiques. De petits escaliers maçonnés, aménagés entre les deux murs annulaires les plus extérieurs du premier état, semblent remplacer d'anciennes structures en bois pour desservir la partie médiane de la cavea, tandis que l'arène et ses accès paraissent peu modifiés, bien que l'état des vestiges ne permette pas de l'affirmer avec certitude. La maçonnerie du second état conserve les mêmes principes constructifs mais intègre des fragments de terres cuites architecturales dans le blocage, utilise des moellons plus tendres pour le parement et adopte une mise en œuvre plus soignée avec joints lissés au fer. Des similitudes techniques entre ces travaux d'agrandissement et ceux des amphithéâtres de Bordeaux et de Poitiers ont conduit un spécialiste à suggérer l'intervention d'un même architecte.

Liens externes