Origine et histoire
L'ancien arsenal du Havre, installé au début du quai de l'Arsenal à l'angle nord‑ouest du bassin du Roi, fut créé pour doter la Marine Royale des moyens de ses ambitions. Sa mise en place résulte de la volonté du roi Louis XIV et de son ministre Colbert, qui firent du Havre un port de construction navale et ordonnèrent l'édification, autour du bassin du Roi, de quatre bâtiments achevés en 1667 abritant poudrière, entrepôt de matériel et magasin d'armement. Un premier magasin général fut élevé en 1669 à l'emplacement de l'hôpital Hôtel‑Dieu, tandis que le bassin fut remis en état. En 1680, un mur clôtura le bassin pour limiter la divagation des ouvriers et prévenir les vols, plaçant l'ensemble sous juridiction militaire. De 1671 à 1824 l'arsenal resta en activité : plus de 900 navires de tous types y furent construits pour la Marine Royale. De 1776 à 1780 Paul‑Michel Thibaut, architecte de la ville, reconstruisit le magasin général, puis réalisa les fortifications et, une décennie plus tard, la Maison de l'armateur. La prison de l'Arsenal servit aux XVIIIe et XIXe siècles aussi de « dépôt de noirs », centre de rétention où étaient enfermés les esclaves résidant au Havre envoyés par leurs maîtres pour se former en métropole afin d'assurer leur retour forcé aux colonies. Le 15 juillet 1789, au lendemain de la prise de la Bastille, des émeutiers havrais s'emparèrent de l'Arsenal pour s'y fournir en armes et munitions avant de se retrancher dans la Tour François Ier. La suppression du port militaire du Havre en 1824, au profit de Cherbourg et Brest, signa la fin de l'arsenal ; l'année suivante les biens de la Marine furent mis en vente. Le magasin général de 1780, unique vestige du démantèlement, fit l'objet d'un projet de rehaussement en 1934, ce qui provoqua l'intervention de Georges Priem auprès du maire Léon Meyer pour obtenir son classement. Il fut classé au titre des monuments historiques par arrêté du 30 juillet 1934. Pendant la Seconde Guerre mondiale l'arsenal fut occupé par la Wehrmacht et employé à diverses fonctions, notamment comme prison. Les bombardements de 1944 le détruisirent ; il ne subsiste aujourd'hui que la porte sculptée, conservée au musée André Malraux, et la sphère armillaire du campanile, conservée aux Archives municipales du Havre. Le magasin général reconstruit par Thibaut présentait une façade en pierres de taille calcaires, ornée d'une horloge, de cartouches à l'effigie de marins et surmontée d'un péristyle dont la cloche rythma longtemps la vie des ouvriers du port. Des représentations de l'arsenal et du bassin du Roi figurent dans des vues de 1727 et de 1820, la porte sculptée restant le seul vestige matériel visible aujourd'hui.
