Patrimoine classé
Vestiges de l'ancien canal et bâtiments suivants : Givors (Rhône) : Façades et toitures de l'ancienne maison du canal (cad. AK 128) ; pont au-dessus de l'ancienne écluse numéro 10, lieudit Les Biesses (cad. non cadastré, jouxtant au sud-ouest la parcelle B3 351) supportant la voie communale numéro 5 ; ancien pont-canal au-dessus du ruisseau le Godivert, lieudit Le Four à Chaux (cad. B4 373) ; Saint-Romain-en-Gier (Rhône) : Façades et toitures de l'ancienne maison éclusière numéro 13, lieudit Au Canal (cad. A 277) ; ancien pont-canal, au-dessus du ruisseau de la Combe d'Aillex, lieudit Au Canal (cad. non cadastré, situé à côté de l'ancienne maison éclusière cadastrée A 277) ; Tartaras (Loire) : Façades et toitures de l'ancienne maison éclusière numéro 19-20, lieudit Le Rocher Percé (cad. A 856) ; ancienne écluse numéro 19-20, y compris l'ancien bief numéro 19 subsistant en aval de l'écluse et le tunnel dit du Rocher Percé, lieudit Le Rocher Percé (cad. A 1332, 1339 à 1342, 1042) ; ancienne écluse numéro 21, y compris les murs du bassin d'attente en amont, lieudit La Valanière (cad. non cadastré, jouxtant la parcelle A 1143) ; Rive-de-Gier (Loire) : Façades et toitures de l'Hôtel de Ville (ancien hôtel de la Compagnie du Canal) et passage souterrain situé rue de l'Hôtel-de-Ville (cad. A 195) : inscription par arrêté du 24 juillet 1995
Personnages clés
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| François Zacharie |
Ingénieur ayant lancé les travaux du canal avant de mourir en 1768. |
Origine et histoire
Le canal de Givors, conçu pour relier le Rhône à la Loire, n’a été réalisé que sur la section entre Givors et Rive-de-Gier. Mis en service à la fin du XVIIIe siècle, il a assuré pendant plusieurs décennies la desserte du bassin houiller de Rive-de-Gier avant d’être progressivement supplanté par le chemin de fer. Il accueillait des embarcations au gabarit de 22,5 m de long sur 4,65 m de large, avec un tirant d’eau de 1,80 m et une hauteur libre de 2,80 m. La partie principale, de Givors à Rive-de-Gier, s’étendait sur 15,5 km pour un dénivelé de 85 mètres desservi par 29 écluses simples ou doubles ; le parcours comprenait également cinq ponts-aqueducs, dix-neuf chemins et le tunnel dit « Rocher percé » long de 171 mètres. La prolongation jusqu’à La Grand-Croix ajoutait environ 5 km et treize écluses.
Les premières études remontent au milieu du XVIIIe siècle et la réalisation a été lancée sous l’impulsion de François Zacharie, qui mena les travaux avant de mourir en 1768, laissant des dettes et des chantiers à terminer. L’achèvement et la rectification furent confiés à d’autres ingénieurs et une compagnie d’actionnaires, la « Compagnie des Intéressés du canal de Givors », fut constituée en 1774. Après de graves difficultés financières et techniques, notamment une rupture de berge lors d’une inauguration en 1776, la navigation fut finalement rendue possible et le canal devint une voie d’écoulement importante pour le charbon des mines locales. La compagnie fit édifier un siège, le « palais » devenu l’hôtel de ville de Rive-de-Gier, et construisit aussi, en 1788, le barrage en terre de Couzon pour assurer l’alimentation en eau du canal.
Le trafic atteignit son apogée sous la Restauration : des milliers de bateaux et plusieurs centaines de milliers de tonnes transportées annuellement permirent le versement de dividendes importants et la forte valorisation des actions. Toutefois, la concurrence des nouvelles voies ferrées, à partir des années 1830, entraîna un déclin progressif de l’activité. Le canal fut prolongé jusqu’à La Grand-Croix et un vaste bassin embarcadère y fut creusé, mais l’exploitation ne put contrer la concurrence du rail. En faillite, la concession fut rachetée par l’État en 1886 ; certaines portions, dont une section sur la commune de Tartaras, furent déclassées comme voie d’eau au milieu du XXe siècle, en 1955.
Au XXe siècle l’activité déclina encore et le tracé fut en grande partie comblé dans les années 1960 ; le creusement de l’autoroute A47 a repris l’emprise du canal sur de longs secteurs et l’autoroute a été ouverte à la circulation en 1970. Quelques vestiges subsistent, souvent dans des méandres marqués : le bassin de Givors, comblé en 1965, pouvait autrefois accueillir jusqu’à 250 bateaux ; on trouve encore des traces d’écluses et d’ouvrages comme la Roche percée, ainsi que des tronçons conservés à l’écart du tracé autoroutier.