Origine et histoire
L'ancien collège des Jésuites d'Ensisheim trouve son origine dans une école fondée par le curé Jean Rasser à la fin du XVIe siècle, reprise au début du XVIIe siècle par les Jésuites qui entreprirent des travaux et y installèrent un collège. Les Jésuites de Fribourg-en-Brisgau prirent la direction en 1614, puis la communauté fut remplacée en 1656 par les jésuites de Champagné ; une église fut édifiée vers 1690 en partie avec des pierres provenant du couvent de Schwartzenthann. Le collège fut fermé en 1764 ; le site fut affecté comme dépôt de mendicité en 1773 et agrandi vers l'ouest à la fin du XVIIIe siècle. Entre 1793 et 1800, les locaux servirent d'hôpital militaire, puis redevinrent dépôt de mendicité avant d'être transformés en maison centrale de dépôt par décret en 1811, entraînant des remaniements architecturaux. D'importants travaux eurent lieu au cours du XIXe siècle, l'extension maximale étant atteinte après 1864 ; le quartier cellulaire fut construit en 1886 et la porte d'entrée sur rue achevée en 1906. Après des bombardements, des restructurations et reconstructions ont été menées en 1945–1946 ; une mutinerie suivie d'un incendie en 1988 endommagea plusieurs bâtiments, qui furent reconstruits l'année suivante, tandis que d'autres corps de bâtiment, dont l'église, furent démolis, la première travée ayant auparavant été affectée au culte protestant à la fin du XIXe siècle. Édifice à la fois ancien et réutilisé, la maison centrale d'Ensisheim est un établissement pénitentiaire français implanté dans le Haut-Rhin et relevant de la direction interrégionale des services pénitentiaires de Strasbourg ; son bâtiment principal fait l'objet d'une inscription partielle au titre des monuments historiques et figure à l'inventaire général du patrimoine culturel depuis 1987. En 1938, à la suite de la suppression des bagnes coloniaux, certains condamnés aux travaux forcés furent transférés vers cette prison. La maison centrale occupe une superficie d'un hectare quatre-vingt-deux et compte 205 places, accueillant environ 200 détenus principalement condamnés à de longues peines ou à la réclusion à perpétuité. L'établissement a connu plusieurs prises d'otages récentes, notamment en janvier 2010, en août 2013, le 30 juin 2016 et le 4 juin 2017, qui se sont toutes soldées sans morts et ont fait l'objet de négociations et d'interventions. La prison a accueilli de nombreux détenus célèbres au cours de son histoire, dont des criminels et auteurs d'affaires médiatisées. L'établissement a aussi inspiré des œuvres littéraires : le roman La Vengeance du pardon d'Éric-Emmanuel Schmitt (2017) se déroule en grande partie entre ses murs.