Origine et histoire
Fondé par les Oratoriens en 1638, le collège de Juilly a été principalement bâti aux XVIIIe siècle pour les salles de classe et les dortoirs ; la chapelle actuelle date d’une reconstruction au XIXe siècle et la bibliothèque en béton fut édifiée au début du XXe siècle par l’architecte Henry Faucheur. Quelques aménagements du XVIIIe siècle, comme des escaliers et des boiseries, ont été remarquablement conservés. Le collège, situé à Juilly en Seine‑et‑Marne, à une trentaine de kilomètres au nord‑est de Paris, a fonctionné, sous la tutelle de l’Oratoire de France, presque sans interruption de 1638 à 2012 et comprenait une école maternelle, une école primaire, un collège et un lycée ; initialement réservé aux garçons, il est devenu mixte dans les années 1980 et accueillait des élèves en internat, demi‑pension et externat. Selon la tradition locale, sainte Geneviève se serait arrêtée à Juilly au Ve siècle et aurait fait jaillir une source qui devint un lieu de pèlerinage ; cette source se trouve encore au centre du collège, devant la statue de la sainte. Le domaine primitif, formé autour de la source, passa successivement entre plusieurs familles seigneuriales et donna naissance à un prieuré puis à une abbaye ; des dons et des restaurations successives, notamment sous l’abbé Nicolas Dangu au XVIe siècle, marquèrent son développement. L’abbaye connut des destructions comme en 1358 et 1418 et des épisodes troublés pendant les guerres, et elle fut cédée aux Oratoriens en 1637, qui fondèrent l’académie en 1638. Le collège acquit rapidement une réputation d’excellence et d’innovation pédagogique : on y privilégiait l’intelligence et l’intérêt de l’élève, l’enseignement participatif et des méthodes nouvelles, reflétées par sa devise Orior (« je m’élève »). De nombreux élèves de marque y furent formés et la maison attira des élèves prestigieux au fil des siècles. La Révolution porta un coup aux structures ecclésiales et au mode de fonctionnement du collège : après des pillages et une transformation en hôpital, les lieux furent vendus comme biens nationaux puis retrouvèrent une activité scolaire à la fin du XVIIIe siècle, avant d’être qualifiés successivement d’« institution » et de « lycée » sous l’Empire. Au XIXe siècle, la propriété passa entre diverses directions et sociétés tontinières, connut des périodes de déclin puis de renouveau sous les abbés de Scorbiac, de Salinis et d’autres responsables, et fut le théâtre d’expériences pédagogiques et de débats intellectuels, notamment liés à la conjoncture religieuse et politique de l’époque. L’Oratoire reprit la direction en 1867, période au cours de laquelle fut construite la chapelle actuelle (1887–1889) et aménagée la salle dite des Bustes. La loi de 1903 entraîna la dispersion des congrégations enseignantes et, après des difficultés au début du XXe siècle, l’abbé Sabatier relança l’établissement de 1913 à 1930. Lors de la Première Guerre mondiale, le collège fut transformé en hôpital annexe, accueillant notamment une antenne de la Croix‑Rouge américaine, et reçut la visite du président de la République en 1915; en 1918 une partie des élèves fut évacuée vers Pontlevoy. Dans l’entre‑deux‑guerres, les bâtiments furent restaurés, la chapelle embellie par des vitraux et un orgue de salon acquis, et la bibliothèque construite en 1928 grâce au concours d’un ancien élève. Les années suivantes virent des changements de direction et des commémorations, dont les fêtes du tricentenaire en 1938. Après des effectifs importants dans les décennies 1980–1990, l’établissement connut des difficultés financières au début du XXIe siècle ; placé en redressement judiciaire en mars 2012, il fut liquidé par le tribunal et ferma ses portes le 4 juillet 2012. À partir de 2018 les bâtiments ont souffert du vandalisme et du délabrement, la bibliothèque ayant perdu des milliers d’ouvrages, puis l’ensemble immobilier a fait l’objet d’un projet de réhabilitation conduit par la société Histoire & Patrimoine entre 2021 et 2025 ; la chapelle a été cédée à la commune et des travaux de rénovation ont été prévus pour le pigeonnier. Parmi les éléments du patrimoine classés figurent la cloche refondue par Hildebrand en 1849, inscrite à l’inventaire des monuments historiques, l’horloge datée de 1596 et la statue funéraire en marbre de monseigneur Nicolas Dangu ; le tombeau en marbre du cardinal de Bérulle, œuvre de Jacques Sarrazin, fait également partie des pièces remarquables. Le parc a été pré‑inventorié pour ses jardins remarquables mais il n’a plus été entretenu depuis 2012. Le collège a formé de nombreux hommes et femmes célèbres ou influents dans des domaines variés : on y trouve parmi les noms cités Montesquieu, Jacques‑Bénigne Bossuet, la présence estivale de Jean de La Fontaine, ainsi que des personnalités plus récentes comme Jean Fourastié, Claude Brasseur, Philippe Noiret, Michel Polnareff, et des savants tels que Vaucanson et Émile Clapeyron. La direction de la maison a alterné au fil des siècles entre Oratoriens, abbés et laïcs ; parmi les dirigeants récents figurent les pères Sabatier, Hulin et Ponsard, ainsi que des responsables contemporains comme Daniel Chapellier et Catherine Torras.