Origine et histoire
Le prieuré de Charrière, situé à Châteauneuf-de-Galaure dans la Drôme, fait l’objet d’une demande de protection portée par l’association Patrimoine Castelneuvois, qui en assure depuis plusieurs années l’entretien et la sauvegarde. L’ensemble conventuel s’organise autour d’un ancien cloître bordé de trois bâtiments aux angles ouest, nord et est, l’église fermant le quadrilatère au sud. Des éléments annexes complètent le site : deux puits, les vestiges d’un mur de clôture et un petit bassin. L’église, orientée à l’est, se compose d’une nef unique et d’un chœur carré fermé par un chevet à trois pans coupés. Le chœur porte des décors provenant d’au moins deux campagnes de peinture, des XVIIe et XVIIIe siècles. L’histoire du lieu est connue depuis le XVe siècle, mais il existait déjà une église romane paroissiale, fortifiée, dès les Xe–XIe siècles, desservie par les prêtres bénédictins du prieuré de Manthes. Au milieu du XVe siècle, face à la dégradation de cette église, les barons de Montchenu établirent une communauté de Franciscains de la stricte observance pour remplacer les bénédictins. Malgré des contestations, les Franciscains s’installèrent en 1456, reconstruisirent l’église et en firent la chapelle de leur couvent ; l’église paroissiale fut alors transférée dans la chapelle du château des Montchenu. La chapelle initialement modeste fut largement remaniée à la fin du XVIIe siècle : surélévation, voûtement du chœur et adjonction de décors peints. La Révolution chassa les religieux, détruisit le clocher et entraîna la vente morcelée de l’ensemble comme bien national en 1796. En 1833 la chapelle fut rendue à la commune afin de restaurer sa fonction paroissiale, la chapelle du château étant devenue insuffisante et mal entretenue ; Charrière retrouva donc ce rôle en 1834. Le transfert de la cure à plus de deux kilomètres provoqua des contestations et conduisit à la construction d’une nouvelle église dans le bourg, inaugurée en 1848, après quoi Charrière redevint une chapelle de quartier, d’abord publique, puis privée après 1905 avec la gestion confiée à six habitants du hameau. Les responsables successifs finirent par se décourager : la chapelle tomba en désuétude, perdit sa consécration vraisemblablement avant la Seconde Guerre mondiale et fut utilisée comme théâtre, entrepôt, puis abandonnée jusqu’en 1991. Cette année-là, à l’initiative d’un conseiller municipal, la commune récupéra gratuitement le bâtiment, mais le conseil refusa d’engager les fonds nécessaires ; l’effondrement du toit survint six ans plus tard. Ce dernier épisode marqua le début d’une reprise des travaux : réunification du couvent, nettoyage, réfection des toitures et, plus récemment, reconstitution numérisée des peintures très dégradées des voûtes du chœur. L’association Patrimoine Castelneuvois et la municipalité sont les principaux acteurs de ce sauvetage. Le prieuré est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 26 août 2015 ; sont notamment protégés le chevet, l’intérieur de l’église, la cuisine du prieuré et la vue d’ensemble.