Origine et histoire du Fort Saint-Sauveur
Le fort Saint-Sauveur, dit fort du Réduit, est un réduit situé rue du Réduit à Lille (Nord). Sa chapelle a été classée monument historique en 1910 et le reste du fort inscrit en 1946. Le site est desservi par la station de métro Lille Grand Palais.
Le fort tire son nom de la paroisse où il se trouve et existait déjà sous la domination espagnole sous le nom de Fort Campi. Il a été profondément remanié à partir de 1674 sur les ordres de Vauban, qui y a notamment intégré des bastions dans le périmètre fortifié. C’est l’un des cinq réduits établis par Vauban et l’un des trois construits dans une ville dotée d’une citadelle, aux côtés de Strasbourg et de Besançon. Inscrit dans les remparts de la ville, il est la seule enceinte bastionnée à la fois vers la campagne et vers la ville. Par lettre du 4 janvier 1673, Louvois demanda à Vauban de fermer le bastion du côté de la ville et d’y établir un rempart apte à porter du canon afin, si nécessaire, de battre la ville. Vauban le décrivit comme une sorte de petite citadelle, pourvue des bâtiments et munitions nécessaires, capable de servir de point d’appui pour maintenir l’ordre dans le quartier populaire de Saint-Sauveur.
Le fort est resté constamment militarisé et a été affecté entièrement au service du génie en 1820. La déclassification des fortifications périphériques après l’extension de la ville en 1858 entraîna, dans les années 1860, le démantèlement de l’enceinte et la disparition des fossés et remparts. L’espace libéré permit la création du square Ruault, aujourd’hui remplacé par l’Hôtel de ville, tandis que les bâtiments à l’intérieur de l’enceinte furent préservés. Le fort lui-même a été déclassé en 1859. Modernisés après la Seconde Guerre mondiale, ces bâtiments abritent encore aujourd’hui les bureaux de l’établissement du Génie de Lille et le gouverneur militaire de Lille.
Sur une surface d’environ 8 000 m², le site conserve quatre bâtiments d’origine et une chapelle de style classique. La chapelle, construite en pierre de Lezennes entre 1674 et 1707, fut consacrée par Joseph-Clément de Bavière, archevêque de Cologne. Sa façade, organisée en trois travées et trois niveaux, présente aux deux premiers niveaux des baies en plein cintre ; au premier niveau des pilastres ioniques supportent un entablement dont la frise alterne fleurs de lys et monogrammes royaux, et le portail est surmonté d’une clé ornée d’une tête d’angelot. Le deuxième niveau affiche une baie centrale encadrée de pilastres corinthiens reliés par des chutes de feuilles et des rubans, et deux tympans courbes portent les armes royales entourées de laurier. Au troisième niveau, un bas-relief carré représente deux femmes drapées soulevant un voile pour découvrir deux écus couronnés ; l’ensemble est couronné d’un fronton courbe encadré de volutes et d’un petit clocher hexagonal en retrait.
À l’intérieur, seul l’encadrement du tableau d’autel a été conservé ; le retable en pierre sculptée comporte deux grands pilastres à chapiteaux corinthiens soutenant un entablement cintré surmonté d’une figure de Dieu le Père en bas-relief, et, dans un cartouche situé en dessous, une colombe aux ailes déployées symbolisant l’Esprit saint. La chapelle présente en outre une mezzanine et une charpente remarquable.