Origine et histoire
L’ensemble de l’ancienne abbaye Saint-Serge accueille le grand séminaire à partir de 1808, après que l’abbatiale soit devenue église paroissiale durant la Révolution. Le grand corps de bâtiment dit de la Philosophie, situé au nord de l’ensemble conventuel, est édifié en 1839 et une aile supplémentaire est ajoutée en 1840. Pour répondre au besoin d’un lieu de culte propre au séminaire, une chapelle est mise en œuvre par les architectes Charles Joly-Leterme et Charles Roques ; les sources indiquent sa construction entre 1864 et 1870, avec parfois la mention d’une réalisation en 1895. L’architecture de ces interventions s’inspire du gothique angevin et utilise le tuffeau, en cohérence avec l’abbatiale médiévale et les reconstructions mauristes. L’ensemble conserve des éléments anciens : l’église Saint-Serge date du XIIIe siècle, le réfectoire du XVIIe siècle et des boiseries remontent au XVIIIe siècle. Classée au titre des monuments historiques dès la liste de 1840, l’abbaye Saint-Serge voit par ailleurs l’ancien grand séminaire inscrit au titre des monuments historiques le 17 juillet 2000. Pendant la Révolution, l’abbatiale sert de dépôt d’œuvres d’art, puis de dispensaire, avant d’être affectée comme église paroissiale de 1806 à 1906. Après la séparation de l’Église et de l’État, une aile accueille la Caisse des dépôts et consignations, et pendant la Première Guerre mondiale le site devient un centre d’accueil de réfugiés, qui rassemble notamment 500 personnes à la fin de 1914 puis environ 200 deux ans plus tard ; la famille de Joseph Wresinski y a séjourné. L’enseignement féminin se développe à Angers : un cours secondaire pour jeunes filles ouvre en 1913, et en 1929 les 250 élèves du Collège de jeunes filles s’installent dans l’ancienne abbaye, restaurée et agrandie par la ville d’Angers, puis prend en 1934 le nom de Collège Joachim du Bellay. Lors de la Seconde Guerre mondiale, une grande partie des locaux est occupée par les troupes nazies jusqu’en octobre 1943 et le collège doit se replier temporairement ; entre janvier et mars 1943, des arrestations menées par la Gestapo conduisent à la déportation de la directrice Marie Talet, de quatre professeures et de l’économe vers Ravensbrück, dont certaines ne reviendront pas. Le collège et le lycée ont depuis honoré la mémoire des disparues et conservé les témoignages des survivantes, Lucienne Simier ayant, à son retour, publié un récit de ces années. Après la guerre, le Collège devient le Lycée Joachim-du-Bellay ; à la suite des réformes de la fin des années 1960, il devient mixte et accueille ses premiers garçons à partir de 1972. Aujourd’hui le lycée offre des sections binationale allemande (abibac) et européenne anglais, des options artistiques et musicales, des classes de TMD et une option théâtre active, ce qui lui vaut une réputation marquée pour son orientation artistique.