Origine et histoire de l'hôpital
L'ancien hôpital de Châtillon-sur-Saône est une maison de ville du début du XVIe siècle, située dans le village de Châtillon-sur-Saône, au sud-ouest du département des Vosges (Grand Est). Classé monument historique depuis 1984, il a été retenu pour le loto du patrimoine 2023 au titre d'un projet de maillage pour le département. La position de Châtillon-sur-Saône, à la limite des Vosges, de la Haute-Marne et de la Haute-Saône et à la croisée de régions historiques comme la Lorraine, la Franche-Comté et la Champagne, a fortement marqué son histoire. Des découvertes archéologiques et la densité des voies romaines dans la région suggèrent une occupation ancienne, et le nom Châtillon serait probablement dérivé du bas latin castellum. Les premières mentions médiévales remontent aux XIIe–XIIIe siècles ; la cité passa des mains de l’évêque de Besançon au comte de Bar, qui l’affranchit, puis fut incluse au Barrois mouvant et devint le siège d’une prévôté. Installée sur un éperon rocheux bordé par la Saône et l’Apance, la ville se développa à l’ouest du château et fut dotée de remparts en partie construits au XIVe siècle. Cette situation stratégique lui conféra des fonctions défensives et commerçantes, mais l’exposa aussi aux conflits : la cité fut détruite en 1476 puis ravagée à nouveau en 1484. Après ces destructions, le XVIe siècle fut une période prospère qui permit la reconstruction et l’édification de nombreuses maisons de style gothique flamboyant ou Renaissance, plusieurs d’entre elles étant aujourd’hui protégées au titre des monuments historiques. L’Ancien Hôpital occupe une parcelle en terrasse le long de la voie reliant la porte Saint-Michel à la place d’Armes, à proximité immédiate de la porte Saint-Michel ; son plan approximatif est un rectangle d’environ 9 mètres sur 14. De type maison de ville, il présente des éléments décoratifs compatibles avec le gothique flamboyant, notamment les linteaux de la porte et une baie d’étage, un vocabulaire encore en usage en Lorraine au début du XVIe siècle. Le rez-de-chaussée, avec cuisine et poêle, atteste de sa vocation d’habitation urbaine ; la maison repose sur une cave unique voûtée en berceau et renforcée par trois arcs doubleaux. L’étage reprend la disposition du rez-de-chaussée : deux pièces de part et d’autre du mur de refend, chacune dotée d’une cheminée probablement du XVIIIe siècle, et les combles sont partagés en deux volumes charpentés. L’accès à l’étage et aux combles se fait par un escalier à vis au noyau plein, dont les marches sont en pierre monolithique ; la cage, éclairée par trois petites ouvertures, est légèrement saillante sur la façade est. Malgré une façade en moellons enduite de tradition médiévale, le bâtiment témoigne d’une recherche d’élégance par l’emploi d’un décor finement sculpté. L’attribution de la construction à Jean de Sandrecourt, écuyer actif à Châtillon jusqu’en 1515, est jugée très probable par certains chercheurs en raison de la situation, des dimensions et de la qualité de l’immeuble. D’autres auteurs ont évoqué une « maison romaine » ou des éléments plus anciens au sous-sol ou dans la citerne du jardin, mais les superstructures visibles ne correspondent pas à l’architecture romaine et la question reste ouverte. Une étude dendrochronologique réalisée en 2023 sur seize échantillons de chêne prélevés dans la charpente, les plafonds et les linteaux a mis en évidence trois périodes d’origine du bois : la fin du XIIIe siècle, la première moitié du XVIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle, ce qui suggère notamment un vaste chantier de rénovation au XVIIIe siècle utilisant des matériaux de réemploi. La tradition orale a donné au bâtiment le nom d’Ancien Hôpital, mais cet usage ne paraît pas remonter à la construction : il n’est pas cité dans la liste des hôpitaux de Lorraine de 1571 ni dans la Description de la Lorraine et du Barrois de 1778 ; il est possible qu’il ait été affecté à cette fonction à une époque postérieure puis qu’il l’ait perdue après les sièges des années 1630. La guerre de Trente Ans et les sièges des années 1630 entraînèrent un fort dépeuplement et une probable dégradation du bâti ; la datation dendrochronologique et la date portée de 1737 sur la cheminée de la cuisine indiquent une importante campagne de remise en état au XVIIIe siècle visant à rendre l’édifice habitable. L’Ancien Hôpital ne fait pas partie des biens nationalisés à la Révolution ; le cadastre napoléonien de 1831 montre une emprise foncière alors plus vaste, incluant des constructions aujourd’hui disparues. La commune acquit l’ensemble en 1838 pour y établir une école de garçons et fit réaliser des travaux d’après des plans d’Abel Pierre Mathey, architecte à Neufchâteau ; l’édifice servit ensuite d’école de filles de 1878 à 1927 et resta propriété communale jusqu’en 2021.