Origine et histoire de l'ancien hôpital
L'ancien hôpital de Montbéliard, situé au cœur de la vieille ville du Doubs, a une histoire longue et complexe. Un premier hôpital fut fondé peu avant 1248 par le comte Thierry III (une autre mention indique 1249) en dehors des murs, au-delà du pré d'Aiguillon, pour isoler les malades. En 1450, après pillages et guerres ayant laissé les bâtiments en ruine, l'établissement fut concédé à la ville par le comte Louis et réinstallé intra muros, place Saint-Martin ; sa gestion fut alors confiée aux bourgeois, sous la surveillance d’un recteur nommé par les magistrats. Le bâtiment situé à l'emplacement actuel remonte probablement à 1490 ; une chapelle y est attestée en 1562 et fut démolie au XVIIIe siècle. Les principaux travaux de reconstruction et d'agrandissement datent du XVIIIe siècle : Pierre David Curie, charpentier jouant le rôle d'architecte et d'entrepreneur, fit édifier des galeries et des corps de logis entre 1754 et 1762, avec notamment des constructions sur la rue de la Schliffe (1759-1760) et la rue du Château (1761-1762), la date 1761 figurant sur un fronton au-dessus de la porte d'entrée. En 1850 l'hôpital s'agrandit par l'achat et la démolition de l'ancien hôtel du Lion d'Or ; entre 1852 et 1859 fut construit le bâtiment des bains, vraisemblablement attribué à l'architecte Jean Frédéric Fallot. Initialement réservé aux vieillards et infirmes, l'hôpital s'ouvre à tous les malades en 1840 ; aménagé pour 25 lits, il voit sa capacité fortement augmentée après la guerre franco-prussienne et accueille jusqu'à 75 personnes, y compris le personnel. Le retour de la garnison en 1874 et des épisodes de fièvre typhoïde en 1878-1879 entraînèrent une forte pression sur les locaux, déjà jugés sombres, humides et insalubres. Un rapport du conseil d'hygiène du 5 octobre 1859 demanda le transfert de l'hôpital loin du centre ; il fut finalement remplacé en 1898 par un nouvel établissement pavillonnaire, chauffé à la vapeur et éclairé à l'électricité, qui devint le centre hospitalier André-Boulloche. L'ancien hôpital fut désaffecté en 1897 ; une partie fut démolie en 1902, le bâtiment de la rue de la Schliffe étant supprimé et le bâtiment des bains doublé en surface, tandis que la galerie de liaison fut modifiée et agrandie au XXe siècle. Après sa désaffection, l'ensemble accueillit la bibliothèque municipale jusqu'en 1987 puis des locaux associatifs. L'établissement de bains, la galerie, l'escalier, l'élévation et la toiture sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 7 juillet 1989. Sur le plan architectural, l'édifice présente un soubassement en pierre de taille calcaire et des galeries en bois ; la pierre portant la date « 1761 » au-dessus de la porte rappelle la période de reconstruction du XVIIIe siècle.