Origine et histoire
L'ancien hôpital des Religieuses de Beaulieu, situé à Puech Vilauzès à Issendolus sur la route de Figeac à Rocamadour, conserve surtout les ruines de sa salle capitulaire. Cette salle, divisée en deux nefs de trois travées, présente des voûtes d'arête dont les nervures retombent sur des faisceaux de colonnettes ; un seul faisceau a conservé son état primitif. Une banquette double ceinturait la salle sur trois côtés. La salle capitulaire communiquait par trois larges baies avec un cloître dont subsistent seulement les amorces et des substructions ; les archivoltes multiples de ces baies retombaient sur des colonnettes, et seule la baie centrale est restée dans son état primitif ; l'une des autres a été transportée à Rocamadour. Les premiers bâtiments de l'hôpital auraient été élevés dès 1236 par Guibert (ou Guibert) de Thémines et Aigline de Thémines pour accueillir pèlerins et malades. L'établissement prit le nom d'Hôpital-Beaulieu et fut rattaché en 1259 à l'ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem ; ses statuts définitifs furent donnés en 1298 par le grand maître Guillaume de Villaret, qui fixa notamment le nombre des moniales et la place d'une prieure à la tête du couvent. Le décor sculpté de la salle capitulaire permet de la dater de la seconde moitié du XIIIe siècle. Après la guerre de Cent Ans, la prieure Anne de Castelnau fit entreprendre de nouvelles constructions dont ne subsistent que de maigres vestiges. En 1562 l'église fut pillée et presque rasée par les huguenots ; la prieure Jacquette de Genouillac obtint ensuite des indulgences pour les bienfaiteurs de l'hôpital. Galiote de Gourdon de Ginouillac, coadjutrice puis prieure, entreprit une réforme du couvent et fit rebâtir l'église ; celle-ci fut consacrée au début du XVIIe siècle, la consécration étant attestée en 1617. Sa nièce poursuivit les réparations du cloître et des bâtiments conventuels (infirmerie, cuisine, réfectoire) et fit entourer le couvent d'un haut mur dont des portions subsistent. Galiote de Gourdon obtint par ailleurs l'incorporation de Beaulieu au prieuré des Fieux et d'autres dépendances, ce qui permit de conduire une réforme générale des maisons féminines de l'ordre sous l'autorité papale et royale au début du XVIIe siècle. Ces réformes provoquèrent des résistances et des divisions au sein de la communauté, donnant lieu à des interventions du Grand-Maître et à des décisions judiciaires, puis à des arrangements qui maintinrent finalement une maison réformée à Toulouse jusqu'à la Révolution. À la fin de l'Ancien Régime, la communauté continuait d'assurer l'hospitalité, la charité et l'éducation des jeunes filles ; en 1790 elle comprenait 25 choristes et 13 converses. Pendant la Révolution la communauté quitta les lieux, les bâtiments furent pillés et incendiés en 1792, puis vendus comme biens nationaux et utilisés comme carrière de pierres. Vers 1860 l'abbé Chevalt fit démonter le portail de la chapelle capitulaire et le remonter dans la façade de la chapelle Sainte-Anne à Rocamadour ; une clef de voûte aux armes des Cardaillac se trouverait aujourd'hui à Gramat. L'ensemble a été classé au titre des monuments historiques le 4 janvier 1921.