Origine et histoire
L'ensemble de l'ancien hospice de Bicêtre comprend la porterie nord (1168), les pavillons attribués à Lemercier et l'enceinte datant du XVIIe siècle, la porterie est de 1757 et les anciennes cuisines du quatrième quart du XVIIIe siècle. Sur l'emplacement de l'ancien château de Bicêtre, Louis XIII fit établir en 1634 un hôtel pour soldats invalides, réutilisant peut‑être certains bâtiments antérieurs, notamment le bâtiment dit de l'ancienne lingerie. Les plans longtemps attribués à l'architecte Lemercier seraient en réalité l'œuvre d'un nommé Lintlaer. De cette première construction subsistent un des quatre pavillons d'angle et une partie du gros œuvre du bâtiment nord, qui a été allongé et surélevé au XIXe siècle. En 1656, Bicêtre devient un établissement de l'Hôpital général destiné à l'enfermement des vagabonds ; les travaux reprennent probablement d'après des plans de Le Vau, avec notamment la porterie nord (1668) et une chapelle édifiée vers 1670-1680, détruite en 1927. Le logis de l'aumônier n'est construit qu'au milieu du XVIIIe siècle, vers 1760. Au début du XVIIIe siècle, Bicêtre est également transformé en prison : en 1713 sont édifiés en vis-à-vis les bâtiments nommés "la Force" et "les Cabanons", ces derniers étant prolongés en 1787 par l'architecte Ch. F. Viel. En 1733, l'architecte Germain Boffrand fait creuser le Grand puits et construire la citerne voisine ; il crée aussi en 1731 les premières loges pour aliénés, depuis détruites. Pour relier l'hôpital à la route de Fontainebleau, la porterie est est construite en 1757 et constitue l'entrée principale jusqu'à aujourd'hui. Au premier quart du XIXe siècle sont élevés deux quartiers d'aliénés, chacun organisé autour d'une cour ; un projet d'agrandissement de la prison attribué à Baltard en 1827 n'est pas réalisé, tandis que le quartier circulaire de la Sûreté est édifié avant 1845 et détruit vers 1970. Le grand bâtiment de l'hospice, prolongé d'ailes hautes au sud et d'ailes basses au nord, connaît d'importantes campagnes d'agrandissement entre 1847 et 1858, dates portées sur les pavillons. De 1886 à 1889, Imard, architecte de l'Assistance publique, construit le quartier des enfants "idiots". En 1932, la salle des fêtes est érigée à l'emplacement de la chapelle détruite ; une école d'infirmières est aménagée en 1966 et un nouvel hôpital, implanté au nord‑ouest de l'ensemble sur les anciens potagers, est édifié en 1981. L'établissement fonctionne aujourd'hui comme centre hospitalier universitaire du Kremlin‑Bicêtre et fait partie de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris ; il est situé au 78 rue du Général‑Leclerc, sur le site de l'ancien hospice fondé au XVIIe siècle. Un programme de rénovation au milieu du XXe siècle aboutit notamment à l'ouverture de l'hôpital pour enfants en 1952 et, en 1957, au premier service de cardiologie infantile en France ; en 1962 l'hôpital intègre la quatrième section de l'AP‑HP. Les anciens bâtiments bénéficient de protections au titre des monuments historiques : un classement par arrêté du 8 mars 1962 pour les pavillons de Le Mercier, la porte Saint‑Jean‑Baptiste et la porte des Champs, le passage voûté, les vantaux en bois, le Grand puits et un pavillon d'angle ; la même date a vu l'inscription des façades et toitures des grands bâtiments, des restes des cachots, de l'ancienne Force, de l'ancien presbytère, de l'ancienne sacristie, de l'ancienne lingerie, du puits primitif et des divisions d'aliénés du XIXe siècle ainsi que des sols compris dans le tracé de l'ancienne enceinte ; les façades et toitures des anciennes cuisines ont été inscrites par arrêté le 13 novembre 1985. À partir des années 1970, un vaste programme de rénovation conduit à la démolition de nombreux pavillons et à la construction d'un nouveau centre hospitalo‑universitaire et d'un centre universitaire sur des plans d'André Bourdon, livrés en 1981 malgré des modifications de programme. L'hôpital est organisé en pôles de spécialités couvrant la biologie, la pathologie et la pharmacie ; la femme, la mère, l'enfant et l'adolescent ; la gériatrie ; l'imagerie et la médecine nucléaire ; l'immunologie, les maladies infectieuses, l'inflammation et l'endocrinologie ; les maladies du foie et de l'appareil digestif et urinaire ; les neurosciences et la tête et le cou ; l'orthopédie, les urgences, les réanimations et l'anesthésie ; ainsi que les affections du thorax. L'université Paris‑Saclay organise des études de médecine sur le site, la première année (PASS) se déroulant à Orsay et à Bicêtre puis la suite des études à Bicêtre. Parmi les médecins et scientifiques ayant travaillé sur le site figurent Philippe Pinel et Jean‑Baptiste Pussin (1793‑1795), François Leuret (vers 1830‑1851), Édouard Séguin (vers 1842), Paul Broca (1850‑1880), Désiré‑Magloire Bourneville (vers 1865‑1900), Auguste Benoist de La Grandière (1870), Charles Bouchard (1876‑1880), Pierre Marie (1883‑1917), Jules Dejerine (1882‑1895), Augusta Dejerine‑Klumpke (1886‑1895), Cécile Vogt‑Mugnier (1890‑1899), Oskar Vogt (1897‑1898), Jean Nageotte (1898‑1912), Étienne‑Émile Baulieu (depuis 1965), Edwin Milgrom (1965‑2003), Pierre Lasjaunias (1983‑2008) et Jean‑François Delfraissy (1996‑2013). L'hôpital est accessible par la ligne 7 du métro (station Le Kremlin‑Bicêtre), par la ligne 14 (station Hôpital Bicêtre) et par les lignes de bus RATP 47, 125, 131, 186 et 323.