Origine et histoire
L’ancien hôtel de Lesdiguières occupe à Grenoble un site qui reprend la Tour de la Trésorerie, dont les fondations s’appuient sur l’enceinte romaine et qui dépendait du palais delphinal. En 1602, François de Bonne, lieutenant-général du Dauphiné et futur duc de Lesdiguières, commande à l’architecte Pierre La Cuisse la construction de son hôtel particulier; les travaux se poursuivent jusqu’à vers 1650 et un jardin est aménagé à proximité. La base de la tour intégrée à l’édifice remonte à l’époque gallo-romaine et la demeure demeure propriété des descendants de Lesdiguières qui l’agrandissent, notamment par l’aile Créqui au xviie siècle, puis la partagent avec les intendants du Dauphiné à partir de 1683. La ville acquiert l’ensemble en 1719; l’édifice abrite dès lors conjointement les administrations municipales et préfectorales et sert d’hôtel de ville jusqu’en 1967. Au xixe siècle la préfecture occupe plusieurs salons et conserve des services annexes jusqu’à son transfert sur la place d’Armes en 1866; à partir de 1867 divers services communaux sont regroupés dans l’ancien hôtel de préfecture. Après 1967 l’édifice accueille successivement le procureur de la République, puis, à partir de 1970, le musée Stendhal et, en 1971, une bibliothèque de quartier; le musée ferme en 2004 et la Maison de l’International s’y installe en 2006, complétée en 2013 par un American Corner. L’ancien ensemble fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques le 15 novembre 2021.
La chapelle de l’abbaye des Augustins et sa sacristie, attenantes au site, sont construites à partir de 1317 en utilisant le mur d’enceinte de la ville comme chevet; la grande baie axiale est percée dans la seconde moitié du xiv e siècle. Aux xve et xvie siècles la nef est prolongée, un portail est ouvert sur la ville et un clocher est élevé en 1508 au-dessus d’une tour de défense; la chapelle sert au culte paroissial de 1570 à 1647 et fait l’objet de réparations en 1579. Au xvi i e siècle, les fenêtres en arc brisé de la nef sont murées au profit des grandes baies actuelles de la façade est, la chapelle du Rosaire est édifiée au‑dessus de la galerie ouest du cloître et, en 1633, un plafond lambrissé couvre la nef et le chœur. À la Révolution, la commune acquiert les bâtiments de l’abbaye et l’église redevient paroissiale; au xix e siècle le diocèse remplace en 1855 le plafond lambrissé par de fausses voûtes d’ogives ornées en plâtre, puis le sol de l’église est refait en ciment en 1882 et les anciennes dalles, en partie funéraires, sont réutilisées dans le cloître.
Le jardin de ville, issu du « pré de la Trésorerie », est transformé en jardin pour l’hôtel particulier en 1620 et organisé depuis sa création sur trois niveaux reliés par des escaliers: un jardin de fleurs avec un bassin sculpté par Jacob Richier, une partie boisée dite bosquet et une terrasse plantée de marronniers reliant le quai de l’Isère à la rue Montorge. La fontaine des Caveaux est aménagée dans la terrasse en 1676 par l’architecte Jean Alluys et refaite en 1887; vers 1780 des vases à l’antique de Jacques Argoud ornent les piliers du mur. Après l’acquisition par la ville un jardinier est employé pour l’entretien; le marronnier planté par Lesdiguières se dessèche et est abattu en 1851. Au xixe siècle sont installés la grille côté rue Hector‑Berlioz, un kiosque à musique en 1870 et diverses sculptures, dont Le Torrent d’Urbain Basset qui restera dans le jardin jusqu’à son déplacement au musée de Grenoble après un acte de vandalisme en 2011; une copie a été réinstallée. Une statue d’Hercule venue du parc de Vizille y est aussi placée au xviii e siècle, restaurée après sa détérioration et remplacée par une copie conservée aujourd’hui. Le jardin, d’environ 1,3 hectare, conserve des éléments de patrimoine tels qu’un baromètre anéroïde fabriqué à Grenoble et demeure un espace vert central cité par Stendhal; il accueille des manifestations culturelles contemporaines comme le festival Cabaret frappé. L’hôtel et le jardin sont accessibles aux piétons depuis les stations Victor Hugo et Hubert Dubedout – Maison du Tourisme, desservies par les lignes A, B et D du réseau de tramway.