Origine et histoire de l'Hôtel Particulier
L'hôtel Guimard, situé au 122 avenue Mozart dans le 16e arrondissement de Paris, a été construit par Hector Guimard, figure majeure de l'Art nouveau, pour y abriter son agence, son domicile et l'atelier de son épouse. La parcelle triangulaire fut acquise en 1909 ; une demande de permis de construire datée du 14 juin 1909 précéda des travaux de gros œuvre commencés en 1910 et l'achèvement de l'aménagement intérieur en 1912. Le couple y vécut de 1913 à 1930. Conçu pour tirer parti d'un terrain étroit, l'édifice en pierre et brique limite les murs porteurs à la façade extérieure, offrant un plan libre qui varie à chaque niveau. Cette liberté de plan aboutit au premier étage à une salle à manger ovoïde imposant un mobilier spécialement conçu. Guimard renonça à un escalier encombrant et desservit les étages par un ascenseur tapissé de miroirs, aujourd'hui disparu. L'agence se situait au rez-de-chaussée ; au premier étage se trouvaient la salle à manger et le grand salon de plan ovale ; le deuxième étage comportait une chambre ; le troisième abritait l'atelier de Mme Guimard et une chambre d'amis, tandis que trois pièces pour les domestiques occupaient les combles. Architecte et maître d'œuvre de son propre projet, Guimard réalisa aussi les éléments intérieurs — moulures, vitraux, meubles, objets et tissus — pour créer l'harmonie stylistique caractéristique de l'Art nouveau. Après leur départ, en 1930 Guimard proposa d'offrir l'immeuble à l'État pour en faire un musée de l'Art nouveau ; à sa mort en 1942, Mme Guimard poursuivit ce projet mais l'État refusa. Contrainte, elle fit donation de parties du mobilier et le décor fut dispersé : le musée des Beaux-Arts de Lyon reçut en 1948 un ensemble de vingt-huit pièces formant la chambre à coucher ; une horloge de parquet rejoignit les collections des Arts décoratifs à Paris ; certaines pièces furent données à la Ville de Nancy puis présentées au musée de l'École de Nancy ; les boiseries et le mobilier de la salle à manger furent exposés au Petit Palais ; le reste fut donné à des musées américains ou vendu aux enchères, acquis principalement par des collectionneurs américains. Les archives furent détruites et l'immeuble fut ensuite morcelé en appartements puis vendu. Inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1964 et partiellement classé en 1997, le bâtiment est resté longtemps en mauvais état, avec des balustrades rouillées et la signature de Guimard devenue illisible. L'encadrement sculpté de la porte d'entrée a fait l'objet d'une restauration partielle en 2006. Des travaux de restauration des façades et des couvertures ont été engagés après le dépôt d'un dossier le 21 décembre 2016. L'intérieur a néanmoins été profondément modifié depuis l'origine, malgré la qualité et l'unité du décor initial.