Origine et histoire
Ensemble de bâtiments construits du XVIe au XVIIIe siècle, le manoir de la Chaslerie comprend une chapelle du XIVe siècle ornée de vestiges de peintures murales, un logis et des tours de la fin du XVIe siècle portant l'inscription 1598 sur un linteau, un porche daté de 1598, un pavillon du début du XVIIe siècle, des écuries de 1764 avec inscription sur la sablière, un pavillon du colombier du milieu du XVIIIe siècle, une cave datée de 1762 sur sablière et un fournil du début du XIXe siècle. Il se situe au bout d'une allée longue de 500 mètres, à 2 km au nord du bourg de La Haute-Chapelle, sur la commune de Domfront en Poiraie dans le département de l'Orne, en Normandie. Le domaine appartenait jusqu'à la Révolution française à la famille Ledin et relevait, sur le plan féodal, de l'abbaye de Lonlay ; l'un des Ledin, gérant les intérêts privés du ministre Sully à cette abbaye, fit bâtir le bâtiment principal en 1598. Le manoir présente un caractère défensif marqué, illustré par un mur de banc de tir percé de nombreuses arquebusières, datant de la régence de Marie de Médicis, qui flanque le logis à l'est sur environ cent mètres. La famille Ledin exerça à plusieurs reprises la charge de vicomte de Domfront et s'éleva socialement par des alliances, sans exercer au-delà d'importances fonctions locales. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, elle a en quelque sorte annexé l'église Notre-Dame-sur-l'Eau à Domfront en y faisant apposer ses armes et déposer de nombreuses dalles funéraires, dont un gisant en armure sculpté dans le calcaire, aujourd'hui le seul gisant restant dans le département de l'Orne. À la Révolution la famille étant compromise, le gendre propriétaire Louis-Marie de Vassy, comte de Brécey et de Pirou, député de la noblesse aux États généraux de 1789, émigra et la Chaslerie fut vendue comme bien national. La famille Levêque, des gens de robe originaires de Saint-Mars-d'Égrenne, conserva la propriété pendant près de deux siècles. Les propriétaires actuels achetèrent la Chaslerie en 1991 ; depuis 1991 des travaux de restauration ont principalement visé la mise hors d'eau des habitations et la remise en état des abords. Une association fondée en 2020, La SVAADE, organise des spectacles à la belle saison dans un esprit de schubertiade et aide les propriétaires dans leur projet d'ouvrir le monument à des classes de maîtres et à des résidences d'artistes. Le domaine forme, dans le bocage normand, ce que l'on appelle un « village » : ferme, pressoir avec son gadage, cave pour le poiré et le calvados, fournils, puits et diverses dépendances à colombages entourent le manoir proprement dit, bâti autour d'une cour fermée. Le bâtiment principal, à l'est de la cour, est flanqué en diagonale de deux tours coiffées en poivrières et porte la date de 1598 ; un grand escalier de granit à mur d'échiffre dessert le premier étage. À l'ouest se trouvent une tour Louis XIII, un bâtiment d'écuries et un colombier ; au sud, la double porte charretière et piétonnière est surmontée d'un dôme à l'impériale à courbures inversées. Sur l'ensemble des bâtiments sur cour, les cheminées sont ornées de boules de noblesse, selon une tradition locale visant à rappeler la noblesse des occupants. La chapelle castrale, dédiée à sainte Anne et située à une vingtaine de mètres au sud du bâtiment principal, conserve des décors intérieurs peints notamment sous Louis XIV ; avec des murs percés de meurtrières, des murets et trois douves, elle entoure un terrain anciennement appelé « Pournouët », nom évoquant le caractère marécageux des bas de pente à l'est. Au titre des monuments historiques, l'ancien château, sauf les parties classées, est inscrit par arrêté du 2 novembre 1926 ; l'ancienne allée d'accès est inscrite par arrêté du 26 octobre 1993 ; par arrêté du 4 juillet 1995 sont classés le porche avec son dôme à l'impériale, les façades et toitures du manoir comprenant le logis et ses deux tours d'angle, les trois bâtiments qui lui font face (le pavillon du XVIIe siècle avec son escalier d'accès, les anciennes écuries du XVIIIe siècle et le pavillon du colombier du XVIIIe siècle), la cour avec ses murs de clôture et son bassin, la chapelle avec son décor intérieur ainsi que la terrasse est supportant l'ancien jardin avec ses murs de clôture et de soutènement, ses douves et le bief situé à l'angle nord-est ainsi que le bief amont. Le public peut visiter gratuitement l'extérieur du manoir tout au long de l'année ; l'intérieur est accessible par groupes et sur rendez-vous.