Origine et histoire
Le monastère des Cordeliers de Riom, fondé au XIIIe siècle (vers 1280), fut l'un des principaux établissements religieux de la cité. Initialement implanté hors les murs, il fut déplacé intra-muros vers 1360 après la destruction des faubourgs nord et grâce à de nombreuses donations ; en 1357 les Cordeliers obtinrent le droit de construire une église et un cloître intra-muros. Le couvent comprenait une église à nef unique et des bâtiments conventuels ; la chapelle fut reconstruite en 1490 et l'église, partiellement détruite par un tremblement de terre, restaurée en 1500. En 1507 la communauté passa de la branche des Conventuels à celle des Observants et participa notamment à la prédication, ce qui provoqua des tensions avec le clergé de Saint-Amable. Supprimé à la Révolution en décembre 1791, le couvent vit son clocher démoli sur ordre de Couthon en 1794.
Après la Révolution, le couvent devint bien national et, dans le cadre de la réorganisation pénitentiaire, un projet de transformation en maison centrale fut confié à l'architecte Pierre Rousseau ; une prison destinée à huit départements fut officiellement créée en 1812 et ouverte en 1821. Les travaux d'adaptation et d'extension entraînèrent la division de l'église en trois niveaux de planchers, l'encorbellement des contreforts sur la façade sud, la surélévation des bâtiments au-dessus du cloître et la démolition puis reconstruction d'ailes symétriques dans la deuxième cour. À l'est fut édifié un imposant bâtiment dit de l'Administration, flanqué de deux porches monumentaux et de profonds bossages. D'autres campagnes d'agrandissement et d'aménagement sont intervenues au XIXe siècle, avec notamment une adjudication en 1812, des travaux en 1832 (devis de Degeorge) et des mentions sur un plan de 1872.
Durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux résistants y furent incarcérés ; certains y furent exécutés ou moururent de faim. L'établissement changea de régime en 1975 pour devenir centre de détention, fut fermé provisoirement en 1984 pour restructuration — le cloître fut réaffecté à l'administration et aux ateliers, les détenus furent installés dans le bâtiment de l'Administration et dans les ailes reconstruites et raccourcies de la deuxième cour afin de dégager le chevet de l'église — puis rouvert en 1989 comme maison centrale. Les démolitions réalisées pour rétablir certaines dispositions d'origine affaiblirent des maçonneries, provoquant l'effondrement d'un contrefort et la mise en place d'étaiements ; depuis, une partie du bâtiment est restée sans aménagement ni affectation.
La maison centrale, qui pouvait accueillir jusqu'à 168 détenus, a été désaffectée en 2016 lors de la construction du nouveau centre pénitentiaire de Riom. Les bâtiments sont protégés au titre des monuments historiques : une inscription partielle date du 25 octobre 1962 (église, cloître, façade Est sur la cour d'entrée du bâtiment de l'Administration, versant de toiture et vestibule) et la protection a été étendue à l'ensemble du site le 13 janvier 2020. La municipalité a manifesté l'intention d'acquérir le site pour 230 000 €, dans le but de créer un nouveau quartier et de revitaliser le centre-ville ; ce projet, qui prévoyait la destruction des bâtiments non protégés pour aménager un parking, a suscité l'opposition de collectifs et a été gelé par le préfet.