Origine et histoire du Monastère du Coyroux
L'ancien monastère du Coyroux, fondé en 1142 pour des femmes et rattaché à l'ordre cistercien en 1147, est en activité jusqu'en 1790. Situé dans un vallon à environ 600 mètres du monastère masculin d'Aubazine, il est aujourd'hui en ruine. Ses origines sont liées à la fondation masculine d'Obazine par Étienne de Vielzot et à une communauté féminine formée autour de sa mère Gauberte ; l'idée d'un monastère double conduisit à établir les hommes sur les hauteurs et les moniales cloîtrées au fond du vallon, près du ruisseau Coyroux, les travaux ayant commencé en 1140 et les femmes étant installées le 12 avril 1142 sous l'autorité d'Étienne. La clôture des moniales se matérialise dans l'église par une muraille intérieure équipée d'un treillage de fer et d'un rideau, l'ouverture n'étant permise que lors des offices, de la confession ou de l'extrême-onction ; un étroit guichet permet la communion et l'aumônier officie depuis le chœur. Ne disposant pas de terres propres, les moniales dépendaient matériellement des moines ; la livraison des vivres s'effectuait par un sas dont les clefs étaient respectivement détenues par le frère procureur et la sœur portière, le frère déposant les provisions dans un petit couloir puis signalant la fermeture extérieure par un coup de bâton. Au XIIe siècle la communauté atteint 150 moniales, puis retrouve environ cent membres en 1270 ; les effectifs déclinent ensuite (une quarantaine au XVIIe siècle, 19 vers 1720, huit en 1741) et il reste douze moniales lors de la fermeture révolutionnaire, le monastère ayant été vendu à un carrier. Au XIVe siècle, les difficultés économiques du monastère d'hommes amenèrent le Coyroux à obtenir en 1355 des revenus propres grâce à la cession des revenus de l'église de Cornac par l'abbaye de Figeac, et plus tard la réunion à perpétuité du prieuré d'Albignac à la communauté du Coyroux ; en 1622 la prieure Jeanne de Badefol quitta le Coyroux pour fonder un monastère à Tulle. Les fouilles menées à partir de 1976 par le Centre de recherches historiques et archéologiques médiévales de l'université de Limoges (direction Bernadette Barrière) ont mis au jour des fondations et des parties de dallage des bâtiments occupés du XIIe au XVIe siècle ainsi que les ruines de l'église, et montrent que l'ensemble a été édifié sur une terrasse artificielle réalisée au détriment du lit naturel du Coyroux, le cours ayant dû être détourné et la terrasse retenue par des murs dominant le ruisseau d'environ quatre mètres. L'église des XIIe‑XIIIe siècles, de plan rectangulaire, possédait des voûtes en briques et des nervures en grès gris aujourd'hui effondrées, ainsi que des colonnettes correspondant aux retombées des nervures ; les bâtiments conventuels s'échelonnent du XIIe au XVIIe siècle. Le choix du matériau local — un gneiss résistant mais d'appareil irrégulier et grossier — contraste avec la qualité du grès employé à Obazine ; seules l'église et l'escalier de la fin du XVe siècle présentent un appareil soigné en grès. Les sondages ont également révélé les étapes d'aménagement : un cloître primitif carré, non voûté mais couvert d'une charpente avec un bassin central et une grande canalisation d'évacuation vers le Coyroux, des remaniements de l'église au XIIIe siècle, et au bas Moyen Âge un déplacement de l'habitat vers l'ouest sur un secteur plus salubre, avec l'apparition d'un bâtiment à étages de la fin du XVe siècle et d'un bel escalier à vis, tandis que le bassin central fut remplacé par deux bassins. Les vestiges et les sols de l'église et du bâtiment conventuel sont classés monuments historiques par arrêté du 13 octobre 1988. Parmi les prieures connues se trouvent Guillemine d'Escoraille (vers 1154), Catherine de Beaufort (1412), Jeanne de Badefol (1622) et Léonarde‑Colombe de Ferrières de Sauvebœuf (1783).