Origine et histoire
L'ancien observatoire astronomique de la Marine de Nantes est situé au n°18 de la rue Flandres-Dunkerque à Nantes. Construit au début du XIXe siècle, il fait partie des bâtiments de l'ancienne école d'hydrographie, active de 1827 à 1887. La décision de créer une école d'hydrographie dotée d'une tour d'observation astronomique remonte au 8 mai 1826 ; le projet fut établi par l'architecte Étienne Blon sur un terrain lui appartenant. L'école et la tour furent bâties en 1826 et inaugurées le 14 août 1827 ; la tour fut achevée le 1er octobre de la même année. L'édifice prend la forme d'une tour de quatre étages, haute de 27 m, de base carrée et surmontée d'une terrasse accessible par un escalier de 127 marches. Placée sur une hauteur à la limite de la ville et de la campagne, la tour bénéficiait d'un emplacement sans vis-à-vis, proche des installations portuaires et desservi par la rue de Flandres. La création du bâtiment répondait aussi à une réorganisation nationale des écoles d'hydrographie décidée par décret le 7 août 1825, qui imposait aux établissements du premier niveau la présence d'un local de cours et d'un observatoire. En septembre 1825, l'instauration de « cours publics » bihebdomadaires pour les ouvriers renforça le besoin d'une grande salle et d'installations adaptées. En 1826, Étienne Blon proposa un bail sur son terrain pour édifier une école avec une vaste salle de 600 places et une tour ; le bail de soixante ans fut signé le 12 août 1826, avec une participation financière du ministère de la Marine et de la ville de Nantes. L'école ferma en 1887 lorsque le bail ne fut pas renouvelé. Le bâtiment accueillit ensuite, en 1893, la première bourse du travail de Nantes, puis, à partir de 1913, un cinéma (« Omnia Dobrée », puis « Royal Ciné ») dans la grande salle de cours jusqu'aux années 1960, avant d'être racheté par la Caisse d'épargne. Oubliée et inutilisée, la tour fut redécouverte à la fin du XXe siècle par l'astrophotographe et historien des sciences Olivier Sauzereau. Inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis le 17 décembre 2013, elle a été reconnue comme le seul observatoire astronomique de la Marine construit spécifiquement pour cet usage encore intact en France. La tour est actuellement inaccessible au public, mais elle est exceptionnellement ouverte depuis 2008 lors d'événements comme les Journées européennes du patrimoine ou la Fête de la science, avec des visites organisées par l'association Méridienne. À l'usage, le quatrième étage servait de « cabinet des montres » pour le réglage des chronomètres de marine, instruments nécessaires au calcul de la longitude. Dans l'embrasure de la fenêtre sud se trouvait une lunette méridienne utilisée pour obtenir une heure de référence permettant d'ajuster le régulateur astronomique de Berthoud et de contrôler la marche des chronomètres. La terrasse permettait diverses observations astronomiques, dont l'éclipse solaire annulaire du 15 mai 1836 observée par Jean-Marie Bachelot de La Pylaie, et servait à l'initiation des élèves à la navigation astronomique. L'architecture des troisième et quatrième étages comporte des voûtes en arcs brisés conçues pour amortir les vibrations, et le dallage renforce la stabilité, conditions nécessaires à la précision des réglages et des observations. Pendant son fonctionnement, l'observatoire fut également employé pour la collecte de relevés météorologiques.