Origine et histoire
Le palais des ducs de Lorraine, ancienne demeure des ducs, est un édifice mêlant gothique flamboyant et Renaissance, situé au cœur du secteur sauvegardé de Nancy, à côté de l'église des Cordeliers. Il fut la résidence principale des ducs durant la Renaissance jusqu'à la période classique, lorsque la cour fut transférée au château de Lunéville. Il abrite aujourd'hui le Musée lorrain, qui retrace l'histoire du territoire lorrain de la préhistoire à l'époque moderne, en mettant l'accent sur le duché de Lorraine. Après la bataille de Nancy et la défaite de Charles le Téméraire, le château des ducs était dans un état de délabrement avancé. René II ordonna en 1502 la reconstruction dans le style de la Renaissance ; les travaux se poursuivirent jusqu'en 1512 sous le règne du duc Antoine, qui est sans doute à l'origine de la porterie ornée de sa statue équestre. La porterie, de style proche de celle du château de Blois, présente un impressionnant gâble flamboyant attribué à l'architecte Jacques Vauthier en 1511-1512 et une décoration typique de la première Renaissance lorraine, avec décors italiénisants tels que candélabres végétaux, angelots et coquilles. La statue équestre de 1512 due à Mansuy Gauvin fut détruite en 1792 puis remplacée par une œuvre de Giorné Viard en 1851. Le pavillon Moret est une adjonction de la fin du XVe siècle. Le palais fut largement réduit sous Léopold Ier, qui voulu construire un vaste « Nouveau Louvre » et fit démolir une grande partie du palais de René II et de la collégiale Saint-Georges ; faute de moyens et en raison de l'occupation française, le projet resta inachevé. Sur les fondations de cet ensemble inachevé, Stanislas Leszczyński fit édifier le palais du Gouverneur et son jardin. Le bâtiment fut très endommagé par un incendie en 1871 ; une partie septentrionale de la façade fut ensuite restaurée dans un style Renaissance plus affirmé. Le palais figure parmi les monuments historiques depuis la liste de 1840 ; le cartouche sculpté de la porte d'accès du gardien a été inscrit le 14 mars 1944 et le cartouche provenait autrefois de l'avenue (ou rue) Notre-Dame, édifice aujourd'hui démoli. Le bâtiment Morey, le bâtiment de la Petite Carrière avec leurs façades et toitures, le mur vestige du Louvre de Boffrand, l'ancienne petite écurie et l'ancien bâtiment scolaire adossés à ce mur, ainsi que les sols des cours du palais et de la petite carrière ont été classés le 21 décembre 2005, et les parties intérieures du bâtiment de la Petite Carrière ont été inscrites la même date. Le palais combine les deux styles architecturaux cités, la façade sur rue étant rythmée par des fenêtres Renaissance et, au premier étage, par des balcons de style gothique flamboyant. L'intérieur de la façade comprend une galerie gothique flamboyant rehaussée de contreforts, de médaillons et de baies, tandis que le premier étage affiche un langage résolument Renaissance. La grande salle à l'étage, appelée Galerie des cerfs, possédait un plafond à caissons peint, premier de ce type en France, détruit lors de l'incendie de 1871. La Tour de l'horloge abrite un escalier en colimaçon qui dessert les ailes du palais et, surmontée d'une flèche, porte les symboles du duché de Lorraine : chardons, croix de Lorraine, alérions et couronne. Le palais avait autrefois un escalier monumental à double révolution, aujourd'hui disparu. Le Musée lorrain présente aussi la cour des ducs jusqu'à l'Empire et met en lumière les artistes qui ont contribué au rayonnement de la cour, tels que Ligier Richier, Georges de La Tour, Jacques Callot, Louis Cyfflé, Clodion et Henri Bergé, ainsi que les manufactures lorraines de faïence comme celle de Lunéville. Il est complété par le Musée des arts et traditions populaires lorraines, installé dans le couvent des Cordeliers attenant, et par l'église et la chapelle des Cordeliers qui abritent les enfeus et tombeaux des ducs. Parmi les œuvres et objets conservés figurent un Jupiter gallo-romain à l'anguipède, le monument à Philippe de Gueldre, des œuvres de Georges de La Tour, une copie du Gladiateur Borghèse, une peinture de François-André Vincent (1778), des œuvres du XIXe siècle comme la scène de la découverte du corps de Charles le Téméraire, ainsi que de nombreuses vues et documents illustrant la porterie, la façade intérieure et la tour de l'horloge.