Origine et histoire
Le pont du Moulin, dit aussi ancien pont d'Ondres, enjambe le Verdon sur la commune de Thorame-Haute. Il s'agit d'un pont en dos d'âne à deux arches très inégales d'environ 20 et 5 mètres d'ouverture, long de 41 mètres, large de 2,3 mètres et élevé de 7 à 11 mètres au‑dessus du lit du Verdon. Les becs en pierre appareillée protègent la pile centrale et les culées, dont l'une repose sur un massif rocheux. Il portait la voie menant au hameau d'Ondres et facilitait autrefois le passage des animaux vers les estives ; une carraire des troupeaux longeait la rive gauche et constituait jadis le chemin principal vers Colmars. Un ouvrage en bois existait auparavant et avait été reconstruit en 1626 ; en 1682‑1683 les consuls de Colmars et de Thorame‑Haute demandèrent son remplacement. Le nouvel ouvrage, conçu par l'architecte provincial Jean Jaubert, fut adjugé en 1685 à Eustache Ventre, maître maçon de Colmars, et réceptionné en 1688. Désaffecté en 1881 lors de la construction d'une passerelle en bois en amont destinée à raccorder le hameau à la nouvelle route principale, il ne dessert aujourd'hui qu'un sentier mal entretenu. La route actuelle n'a été ouverte qu'à partir de 1883. Le pont présente un intérêt architectural reconnu, figure sur de nombreuses illustrations et cartes postales, et Raymond Collier le juge exceptionnel pour son époque. Classé monument historique par arrêté du 25 mars 1977, il n'en demeure pas moins peu entretenu depuis longtemps. En 2017 il était très dégradé : ses voûtes restaient relativement bien conservées, mais l'ouvrage était partiellement effondré, sans protection et dangereux à emprunter ; un arrêté municipal en interdit l'accès. Sa restauration préoccupe la mairie et les associations locales depuis plusieurs décennies, et en avril 2018 il a été retenu comme site emblématique pour le financement par le Loto du patrimoine soutenu par Stéphane Bern. Le site porte plusieurs appellations : « pont romain » de manière impropre, pont de Serpeigier ou Serpège en référence à la montagne voisine, pont de la Fabrique en raison d'un ancien moulin et, localement, ancien pont d'Ondres. Le moulin, presque attenant et probablement antérieur au XVIIe siècle, abritait aussi un foulon ; il fut transformé en scierie puis en fabrique de meubles au XIXe siècle, avant d'être définitivement abandonné dans les années 1930, et il n'en subsiste que des ruines.
