Origine et histoire
Le pont de Mirabeau se situe entre Jouques et Mirabeau, à la frontière des départements de Vaucluse et des Bouches‑du‑Rhône, et permet à la route d'Aix‑en‑Provence à Manosque de franchir la Durance. Les piles d'un ancien pont suspendu de 1845 sont conservées sur place et inscrites aux monuments historiques.
Le site correspond au défilé de Canteperdrix, ou défilé de Mirabeau, un rétrécissement de la vallée où la Durance passe entre deux falaises calcaires abruptes. Lieu de franchissement ancien, il a vu s'édifier de nombreux ouvrages depuis le XVe siècle. Les traversées routières les plus proches se trouvent à Pertuis, à 18 kilomètres en aval, et à Manosque, à 20 kilomètres en amont.
On indique que l'ancienne voie romaine reliant Aix‑en‑Provence à Riez longeait ce secteur en rive gauche de la Durance. À partir de la première moitié du XIIIe siècle, des bacs à traille permettaient le passage ; ces embarcations en mélèze mesuraient 19 m sur 5 m et 80 cm de hauteur, et le passeur les manœuvrait à l'aide de pieux, cordes et câbles.
La première tentative de construction d'un pont date du XVe siècle. Différents ouvrages furent détruits totalement ou partiellement par des crues majeures en 1440, 1635, 1843 et 1881, mais ils furent à chaque fois reconstruits en raison de l'intérêt économique du péage.
Au XIXe siècle, après deux projets non retenus en 1816 et 1817 et une proposition de Marc Seguin en 1825, Jean‑François Théophile Sauzet réalisa un pont suspendu livré en 1831, d'une portée de 150 m et d'une largeur de 5,50 m. Les suspensions étaient arrimées à deux immenses portiques néo‑romans qui subsistent encore et ont été inscrits au titre des monuments historiques par l'arrêté du 6 juillet 1988.
Sauzet avait obtenu une concession le 14 décembre 1830 pour 34 ans et 10 mois, mais il refusa d'assumer seul les réparations après la crue de 1843 ; après procès, la concession fut attribuée le 20 novembre 1845 au sieur Chaffard, la restauration ayant coûté 210 000 francs pour un péage rapportant 28 000 francs par an. Le pont reconstruit en 1845 laissait subsister des piles qui sont aujourd'hui protégées.
Pendant la Première Guerre mondiale l'ouvrage fut détruit et remplacé par un pont d'une travée unique de 175 m de long, situé 14 m au‑dessus de la Durance et flanqué de deux pylônes en béton armé de 22 m de haut ; cet ouvrage, achevé en juillet 1935, comportait une sculpture et un bas‑relief d'Antoine Sartorio symbolisant les quatre départements limitrophes. On disait alors que le pont avait « un pied » dans chacun des quatre départements (Alpes‑de‑Haute‑Provence, Bouches‑du‑Rhône, Var et Vaucluse) et chaque pilier était illustré par une frise ; ces frises sont aujourd'hui rassemblées au centre du giratoire, sur la rive gauche de la Durance.
Lors du débarquement de Provence, l'aviation alliée tenta sans succès de détruire le pont pendant trois jours ; le 17 août 1944, des résistants le firent sauter et un pont de bateaux américain fut jeté le 20 août un peu au sud. Un nouveau pont suspendu fut reconstruit en 1947.
L'ouvrage actuel a été achevé en 1989 et mis en service en 1990 ; le précédent pont suspendu a alors été supprimé. Il s'agit d'un pont en dalle et double poutre qui supporte la route départementale 996.
La chanson populaire Au pont de Mirabeau, en provençal, raconte l'histoire de Catharina qui lavait son linge sous le pont et rencontra trois chevaliers. Elle existe sous plusieurs formes en Occitanie, parfois en référence à Mirabel plutôt qu'à Mirabeau, et la mélodie pourrait avoir une origine slave sans qu'aucune trace écrite n'en subsiste. Parmi ses interprètes figurent Renat Sette et le groupe Miquela e lei chapacans.