Origine et histoire de l'ancien prieuré
Le prieuré de Burlats constitue un ensemble roman homogène implanté dans la commune de Burlats, dans le Tarn, et réunit notamment la collégiale Saint-Pierre, le pavillon d'Adélaïde et la maison d'Adam. Une église est attestée dès le Xe siècle ; une bulle de 1122 indique qu'elle était alors un prieuré-cure dépendant du monastère de Castres, puis elle semble avoir été transformée en prieuré bénédictin. Sous le patronage des Trencavel, la reconstruction de l'ensemble cultuel et conventuel est vraisemblablement engagée à la fin des années 1120 pour recevoir un nombre accru de moines. Au XIIIe siècle, des tribunes sont ajoutées le long des bas-côtés et la nef est surélevée, le berceau primitif étant remplacé par un berceau brisé. En 1318, l'érection en collégiale entraîne un agrandissement de l'église dans un style gothique. Lors des guerres de Religion la collégiale est dévastée : en 1569 les troupes protestantes s'emparent de la ville et le chapitre se réfugie à Castres puis s'installe à Lautrec, transfert reconnu en 1669. Le bâtiment subit des remises en état ponctuelles au XVIIe siècle — une chapelle reçoit des fonds en 1613-1614 — mais il est encore pillé en 1622 et incendié en 1625, ce qui détruit voûtes, clocher, cloître et bâtiments voisins. Un état de délabrement est constaté en 1642 ; le collatéral nord est réparé cette même année et des murs sont partiellement reconstruits en 1659. Après la Révolution, l'édifice se dégrade à nouveau et les bâtiments conventuels sont vendus à un particulier puis transformés pour abriter une fabrique. La commune rachète des parties ruinées en 1835, mais faute de crédits le projet de restauration échoue ; la municipalité transforme alors les ruines en logements et fait construire une nouvelle église. L'église Saint-Pierre est classée monument historique en 1845 ; une décision de consolidation est prise en 1897 et les travaux sont réalisés entre 1902 et 1907. Aujourd'hui, le bras du transept, l'absidiole et le collatéral nord sont occupés par la mairie, tandis que l'absidiole sud sert de débarras. Le pavillon d'Adélaïde est un bâtiment parallélépipédique roman de trois étages dont le dernier, percé de cinq baies romanes décorées de chapiteaux et de voussures, constitue l'élément le plus remarquable ; un bandeau ouvragé court sur la façade côté rivière et les chapiteaux portent des motifs de feuillages, chimères, griffons ou sirènes. Le rez-de-chaussée présente trois grandes arcades restaurées et aurait pu être à l'origine aveugle, servant de cave ou d'entrepôt ; le premier étage, à vocation défensive, possède une fenêtre à meneaux du XVe siècle qui remplace un arc roman, faisant du pavillon un exemple notable de l'architecture dite « raymondine ». La maison dite d'Adam, voisine, présente des baies comparables remaniées au XVIe siècle ; les salles voûtées et un moulin du XVIIIe siècle forment le soubassement des constructions qui relient le pavillon à la porte crénelée de la tour de la Bistoure et aux fortifications. La tradition et la légende entourent certains personnages liés au site : des récits évoquent Constance de France comme réfugiée à Burlats et présentent Adélaïde de Toulouse comme une figure locale ayant animé une cour d'amour réunissant troubadours, mais ces témoignages sont discutés et la présence des personnages dans les bâtiments conservés n'est pas assurée. Burlats n'est pas défiguré lors de la croisade des Albigeois, et le pavillon d'Adélaïde échappe aux destructions de cette période ; en revanche, les guerres de Religion entraînent la ruine de nombreux édifices religieux de la région. Au XVIIIe siècle le pavillon a pu servir d'entrepôt ; au début du XIXe siècle les ruines sont placées sous protection épiscopale et l'église actuelle Saint-Pierre est édifiée en 1843. En 1978, le parc naturel régional du haut Languedoc acquiert plusieurs bâtiments dont le pavillon d'Adélaïde et entreprend des restaurations sous la direction de l'architecte en chef des Monuments historiques : la charpente du XVIe siècle est réparée, les intérieurs sont dégagés des éléments du XIXe siècle, les planchers sont reconstruits et des découvertes archéologiques (baies, meurtrières, cheminée et objets) sont mises au jour et présentées lors de l'ouverture au public. L'ensemble fait l'objet de protections au titre des monuments historiques en date du 29 décembre 1981 : classement pour les ruines de l'ancienne église collégiale, pour les façades et toitures du pavillon d'Adélaïde et pour la façade sur la rivière de la maison dite d'Adam, et inscription pour le reste des bâtiments. Parmi les vestiges visibles se distinguent la façade de l'ancienne collégiale Saint-Pierre, un mur gouttereau, le portail latéral, le chevet, les détails des chapiteaux et la maison d'Adam.