Origine et histoire
Le prieuré Sainte-Marie de la Daurade, ancien prieuré bénédictin situé au cœur de Toulouse, est connu dès le Ve siècle. En 1077 il devient prieuré rattaché à l'abbaye de Moissac, elle-même affiliée à l'ordre de Cluny, et au début du XIIe siècle des travaux importants donnent naissance à une nouvelle église, un cloître et des bâtiments communautaires. Le prieuré, alors riche, contrôle au Moyen Âge des biens et revenus comme le pont et les moulins de la Daurade. En 1627 les moines s'unissent à la congrégation de Saint-Maur. L'église est démolie en 1761; les bâtiments conventuels sont touchés au tournant du XIXe siècle, le cloître disparaissant complètement en 1812 lors de l'installation de la manufacture des tabacs. À la Révolution le monastère devient bien national et, vendu en 1791 à François-Bertrand Boyer-Fonfrède, il accueille son hôtel particulier et une fabrique d'indiennes; il figure encore sur le cadastre Grandvoinet avec ses anciens bâtiments conventuels. Après divers changements de destination et un incendie, l'État acquiert le domaine et y installe successivement des manufactures puis, à partir de la fin du XIXe siècle, l'école des Beaux-Arts de Toulouse; en 1895 l'architecte Pierre Esquié réaménage la façade en pierre de taille dans un style éclectique, orné et portant l'inscription Lebrun Boucher Ingres David Delacroix. Pendant la Première Guerre mondiale, le site sert d'hôpital temporaire géré par le service de santé militaire.
Parmi les vestiges subsiste la dite « tour des latrines », déjà mentionnée sur le plan du Monasticum Gallicanum au XVIIe siècle et peut‑être conservée depuis le XIVe siècle : elle comprend des baies murées par groupes de trois à la partie sommitale ouest et à mi‑hauteur du flanc sud, toutes en briques et couvertes en plein cintre. À mi‑hauteur un glacis horizontal en briques paraît destiné à diriger un déversement vers le centre de la tour; un déversoir dans l'angle supérieur nord‑est assurait l'évacuation des eaux pluviales vers la fosse centrale, où se trouve un puits circulaire recueillant les déjections. On note également un arc de décharge en briques dans le flanc inférieur oriental et un autre dans le flanc supérieur sud; l'intrados sud comporte deux grands arcs diaphragmes en encorbellement, décalés l'un par rapport à l'autre, et des conduits biais en terre cuite placés dans le flanc supérieur oriental témoignent d'un ajout postérieur. La ventilation pouvait se faire par des lucarnes supérieures.
Des vestiges de l'ancienne église paléochrétienne ont été dispersés : colonnes aujourd'hui visibles à la villa dite « abbaye de Roseland » à Nice, au Louvre‑Lens, au Metropolitan Museum of Art de New York et une autre retrouvée au fond de la Garonne près de Muret; à Toulouse, trois colonnes sont exposées au musée Saint‑Raymond et deux se trouvent dans la cour du 4 rue Joutx‑Aigues; un fragment de mosaïque murale dorée est conservé au musée Calvet d'Avignon. De nombreuses sculptures provenant du prieuré figurent au musée des Augustins, où l'on retrouve des scènes bibliques et mythologiques — parmi lesquelles l'Histoire de Job, des représentations du roi David et de ses musiciens, la Cène, la descente de la Croix, la mise au tombeau, Jésus au jardin des Oliviers, la Mort de saint Jean‑Baptiste, ainsi que des scènes de la vie courante et des motifs animaliers. Enfin, la documentation conserve une longue liste de prieurs couvrant la période 1077–1790, témoignant de la continuité institutionnelle du prieuré jusqu'à la Révolution.