Ancien sanatorium Villemin à Angicourt dans l'Oise

Ancien sanatorium Villemin

  • 60940 Angicourt
Crédit photo : Historialis6 - Sous licence Creative Commons
Propriété d’ un établissement public de santé

Période

1ère moitié XXe siècle

Patrimoine classé

Les parties suivantes de l’ancien sanatorium Villemin : les deux pavillons des malades Letulle et Varenne, le réfectoire central et les galeries reliant l’ensemble de ces bâtiments, le tout façades et toitures, et figurant au cadastre, section D, parcelle 714, tel que délimité sur le plan annexé à l’arrêté : inscription par arrêté du 4 novembre 2024

Origine et histoire

Le sanatorium Villemin fut créé par l’Assistance publique pour accueillir les populations pauvres de Paris dans le cadre de la lutte contre la tuberculose. Face à cette maladie, les phtisiologues recherchaient des alternatives aux soins en hôpital de ville, sources d’aggravation des contagions. L’architecte Henri Belouet, inspiré des établissements allemands étudiés lors d’un voyage, proposa un établissement en pleine nature favorisant l’air, le soleil, le repos et la suralimentation. Le plateau d’Angicourt, situé à une soixantaine de kilomètres au nord de la capitale et choisi pour ses ressources en eau et son ensoleillement, accueillit le projet. Construit entre 1894 et 1900, le sanatorium devint un laboratoire tant pour le programme architectural que pour l’organisation administrative et les protocoles de soin. L’établissement fit l’objet de nombreux articles médicaux, d’éditions de cartes postales et d’archives conservées par l’AP‑HP, ce qui en fait un témoin précieux de la construction du prototype de sanatorium en France. Belouet imposa un dispositif de pavillons en U ouverts au sud, avec une galerie de cure extérieure sous marquise adossée aux espaces collectifs du rez-de-chaussée, tandis que chambres et sanitaires occupaient les étages desservis par un couloir au nord, assurant protection contre les vents et exposition maximale au soleil. Les bâtiments de service — administration, réfectoire, cuisine, salle des machines, buanderie, château d’eau, morgue, remises et écuries — et les logements du personnel furent implantés, selon un plan ordonné, à l’écart des pavillons pour des raisons d’hygiène et de tranquillité. Un grand parc arboré permettait aux malades de pratiquer promenades, jardinage et jeux, dont la durée et l’intensité étaient adaptées à leur état. Le sanatorium fut également un centre de recherche ; les examens et soins évoluèrent au fil des découvertes, notamment avec l’installation par le docteur Georges Küss d’un pneumothorax artificiel. Le projet inaugura une première phase de construction de sanatoriums en France qui tiraient les enseignements des difficultés rencontrées à Angicourt. Le plan initial prévoyait deux pavillons séparés par sexe, mais il ne fut édifié que partiellement pour raisons financières ; après la Première Guerre mondiale, la construction du pavillon Varenne permit en 1928 de doubler le nombre de lits. L’architecte Louis Masson respecta le plan d’origine tout en adoptant une élévation en briques bichromes et béton, contrastant avec la sobriété du premier pavillon Letulle. Si l’architecture n’est pas spectaculaire, l’ordonnancement du plan, la cohérence des éléments bâtis, la monumentalité et l’élégance des deux pavillons ouverts sur le paysage, ainsi que la qualité des détails et la modernité des installations techniques, demeurent marquants. À partir des années 1960, le site fut transformé en centre pour personnes âgées et complété par de nouveaux bâtiments de service, sans que les édifices historiques des années 1900 et 1920 aient connu de modifications notables dans leur aspect extérieur ou leur distribution intérieure. Très ruinés mais encore lisibles, ces bâtiments conservent la trace de leur conception malgré l’abandon prolongé du site. Intégré au groupe hospitalier Villemin–Paul‑Doumer et converti en centre gériatrique, l’établissement ferma définitivement le 1er janvier 2000 et resta sans affectation. Le site souffrit d’un incendie partiel de toiture en 2019 et a été acquis en août 2024 par la société Linkcity dans le cadre du projet « La Source Angicourt », qui prévoit notamment une activité hôtelière pour séminaires et la création de logements au cœur du pavillon Letulle.

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