Origine et histoire de l'ancien site industriel
L'ancien site industriel de Bataville est un ensemble industriel et urbain situé en Moselle, en Lorraine (France), classé monument historique et patrimoine protégé depuis 2014. Unique en France, Bataville fait partie d'une trentaine de cités Bata dans le monde. Le complexe est implanté sur l'ancienne commune de Hellocourt et bordé au sud par le canal de la Marne-au-Rhin (1839) et par l'ancienne ligne de chemin de fer Dieuze–Avricourt (1864), aujourd'hui délaissée. Les bâtiments industriels s'alignent de part et d'autre de l'avenue Thomas Bata, voie centrale qui se prolonge vers la cité ouvrière au nord et débouche sur un rond-point marquant la transition entre usine et habitat. Une cantine, foyer social, est implantée à mi-distance entre le complexe et la cité. La cité est pour trois quarts entourée d'espaces de loisir, dont un étang datant du XIIIe siècle et des massifs forestiers. Le site conserve aussi des éléments d'infrastructure : l'écluse de Bataville sur le canal, le pont ferroviaire sur le canal et l'ancienne gare. Construit à partir de 1931 pour le compte de Tomáš Baťa (1876-1932) dans la mouvance du Bauhaus, le complexe industriel se compose de deux rangées parallèles de bâtiments standardisés. Ces ateliers rectiformes, d'environ 80 × 20 m, sont en béton avec remplissage de briques et s'organisent sur cinq étages de façades régulières percées de longues rangées de fenêtres. L'organisation comprend un portail principal et un bâtiment d'entrée, signalé par une plaque Monument historique, ainsi que des constructions donnant sur la rue ou sur la nature alentour, et la cantine. La cité ouvrière, pleinement autonome, regroupe commerces, écoles, piscine et église et se situe en lisière de forêt sur les territoires de Moussey, Maizières-lès-Vic et Réchicourt-le-Château, au cœur du Pays des étangs. Bataville s'est surtout développée dans les années 1930 et 1950, ce qui lui a valu une architecture de pavillons et d'équipements soignés, d'une esthétique modeste mais emblématique. Par souci d'hygiène, les logements furent conçus avec salles de bains et toits plats, l'absence de greniers répondant aux prescriptions de Bata. Le caractère paternaliste du pôle industriel transparaît encore dans l'abondance d'équipements sportifs et de structures pour la jeunesse, le village figurant parmi les plus dotés du département à cet égard. Le programme prévoyait une trentaine de bâtiments industriels et une cité destinée à 15 000 habitants après l'achat du terrain par Tomáš Baťa en 1931. L'implantation suscita des protestations et une loi dite Le Poullen (1936) limita son extension. Entre 1932 et 1939 furent édifiées la vieille ville, la nouvelle ville et la piscine ; après la guerre, la construction reprit dans les années 1950 avec l'ouverture d'une halle de sports. Dans les années 1960 et 1970 le quartier du Haut des Vignes fut développé et l'église construite, tandis que la vieille cité fut détruite dans les années 1980. La multinationale annonça la cessation d'activité sur le site en janvier 2002, après la fermeture de l'usine en 2001 qui employait 840 salariés et provoqua un important conflit social et une vive émotion. L'événement donna lieu à des émissions et documentaires, notamment Carnets secrets d'un dépôt de bilan (France 3, Pièces à conviction n°16, mai 2002) et Pas un pas sans Bata (Jérôme Champion, 2003). Depuis la fermeture, des investisseurs ont acquis progressivement des bâtiments et y ont installé des activités variées : sur la plate-forme logistique opèrent une entreprise indépendante de bottes isothermes, une fabrique de carton, une société d'archivage et une entreprise de conception de structures pour le spectacle. Pour animer le site, l'Université foraine s'est installée en 2016 pour une année à Bataville. Par arrêté du 17 avril 2014, deux bâtiments (la cantine et un bâtiment d'usine) ont été inscrits au titre des monuments historiques, tandis que l'ensemble de l'ancienne cité a été labellisé Patrimoine du XXe siècle et que le périmètre de protection a été étendu pour embrasser la cité. La production documentaire et scientifique sur Bataville est importante : on y trouve des ouvrages, des articles de presse, des photographies et plusieurs films, parmi lesquels figurent des publications d'Alain Gatti (2004), une étude collective publiée en 2023, le documentaire Bienvenue à Bataville (François Caillat, 2008) et d'autres travaux mentionnés dans les sources.