Origine et histoire
L'ancien tribunal se situe au 17, rue Kiffis à Lutter, dans le Haut-Rhin. Il dépendait de la seigneurie de Ferrette et du chapitre cathédral de Bâle et porte les millésimes 1542 et 1621 sur des éléments architecturaux. La date de 1542 figure sur une fenêtre en triplet du rez-de-chaussée et sur une porte intérieure du premier étage ; ces datations ont été confirmées par la dendrochronologie lors d'une campagne d'étude menée de 2013 à 2018. Le linteau daté de 1621, remployé dans la porte de la cuisine du rez-de-chaussée, atteste de travaux au XVIIe siècle. La charpente, remaniée au XVIIIe siècle après un incendie, a elle aussi fait l'objet d'analyses. Après la Révolution, l'édifice a été transformé en ferme puis subdivisé en deux parties ; la partie antérieure (n°62) a été restaurée en 1973-1974 par l'association Maisons paysannes d'Alsace, qui a notamment rétabli des baies murées, et la partie arrière (n°63) a bénéficié d'une restauration plus récente incluant la mise en place de chambranles de style néo-Renaissance. Des archives foncières montrent que, en 1575, le bâtiment appartenait à Bastien Stehlin et à son fils Lienhart, alors parmi les principaux tenanciers du village. Résidence d'une famille de notables, il servait aussi d'auberge, ce qui explique la présence d'une grande salle au rez-de-chaussée, atypique pour une maison de cette période où la salle se trouve généralement à l'étage. La dénomination populaire de "tribunal" provient du fait que les assemblées des tenanciers du Dinghof du Chapitre se tenaient fréquemment dans l'auberge du village ou sous le tilleul du domaine seigneurial ; ces réunions traitaient des affaires foncières et administratives, tandis que la justice criminelle relevait du seigneur banal, l'archiduc d'Autriche (maison de Habsbourg). Les recherches historiques et l'analyse des propriétaires aux XVIe et XVIIe siècles confirment l'usage de l'édifice comme auberge et lieu de réunion des tenanciers. Le bâtiment est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1987 et avait déjà fait l'objet, entre 1972 et 1975, de chantiers de restauration menés par des jeunes bénévoles de l'association Maisons paysannes d'Alsace.