Période
XIIe siècle, XIIIe siècle, milieu XVIe siècle, 4e quart XVIIe siècle, 2e moitié XVIIIe siècle, XIXe siècle
Patrimoine classé
Chapelle absidiale de l'église ainsi que les ruines des autres parties de l'abbatiale : classement par arrêté du 2 novembre 1951. Façades et toitures de l'ensemble des bâtiments conventuels (cad. AC 81) : inscription par arrêté du 24 décembre 1965. Sacristie située au sud du déambulatoire de l'église (cad. AC 80) : classement par arrêté du 24 décembre 1965 . Enclos monastique en totalité, sols y compris les vestiges archéologiques enfouis ou en élévation, connus ou à découvrir ; clôture, y compris les portails et la porterie ; vestiges des aménagements de jardins, étang, canaux, canalisations et vivier, ainsi que l'ensemble des murs conservés à l'intérieur de l'enclos ; bâtiment conventuel ; façades et toitures du logis abbatial ; cave de l'abbé située en sous-sol de la parcelle B 217, commune de Thérouldeville (cad. Valmont AC 81, 85 à 89, 79 à 70, 80, 84, 82, 83, 65) : inscription par arrêté du 26 janvier 1995
Origine et histoire
L'abbaye Notre‑Dame‑du‑Pré de Valmont, primitivement appelée Sainte‑Marie de Valmont, est une abbaye bénédictine située sur la commune de Valmont, en Seine‑Maritime ; l'édifice bénéficie d'une protection partielle au titre des monuments historiques. Fondée en 1169 par Nicolas d'Estouteville et confiée à des moines venus de l'abbaye de Hambye, elle servit de nécropole à la famille d'Estouteville et n'accueillit jamais plus de vingt‑cinq religieux. L'ensemble monastique a connu de nombreuses destructions et reconstructions : le chœur fut remanié à plusieurs reprises (notamment en 1262 et en 1520), des travaux eurent lieu au XVIe siècle (1540‑1542) et l'église subit un incendie en 1671. Les bâtiments conventuels furent reconstruits entre 1676 et 1682 sur ordre de Louis de La Fayette, qui tenta d'introduire la réforme de Saint‑Maur en 1680 ; la réforme mauriste fut finalement acceptée en 1754, ouvrant une nouvelle phase de reconstruction durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. L'abbaye fut dissoute à la Révolution : les moines furent dispersés en 1789 et les bâtiments vendus comme biens nationaux en 1791. Au XIXe siècle, Eugène Delacroix fréquenta le domaine familial de Valmont ; il réalisa un dessin intitulé Ruines de l'abbaye de Valmont, conservé au musée du Louvre, et exécuta en 1834 trois fresques aujourd'hui au musée national Eugène‑Delacroix. L'abbaye retrouva sa vocation religieuse en 1994 avec l'installation d'une communauté de moniales venues de Notre‑Dame‑du‑Pré de Lisieux ; la restauration, menée sous la direction de l'architecte Dominique Moufle avec le concours des monuments historiques, a permis la consécration d'une nouvelle église abbatiale en 2004.
L'ensemble abbatial comprend l'église reliée par une galerie à la porterie, le chapitre et le dortoir ; autour du cloître s'organisent le parloir, la cellerie, la cuisine, la bibliothèque et des ateliers, tandis qu'une orangerie, un potager, une serre, un vivier et un verger complètent le site. De l'abbatiale proprement dite subsistent principalement les ruines du chœur reconstruit au début du XVIe siècle : formé de quatre travées droites, il se termine par un rond‑point à cinq pans ouvrant sur un déambulatoire où s'ouvre la chapelle dite de Six‑Heures. Les grandes arcades en plein cintre reposent sur des piles monocylindriques et sont surmontées d'un triforium à colonnettes ioniques géminées ; l'ensemble présente un vocabulaire de la Renaissance très pur, ordonné sous la direction de Jehan Ribaud, qui dirigeait Valmont à partir de 1517. Au‑dessus du portail un vitrail reconstitué par Delacroix à partir de fragments de l'ancienne église subsiste, et le Musée des antiquités de Rouen conserve des vitraux du XVIe siècle provenant de l'abbaye.
La chapelle axiale, commandée par Jehan Ribaud et construite en 1520, est dédiée à la Vierge et constitue la partie la mieux conservée de l'ancienne église dont la nef s'est effondrée en 1730 ; connue sous le nom de chapelle de Six‑Heures, elle se distingue par une voûte à nervures saillantes convergeant vers une clé circulaire évidée en coupole. Sur l'autel est placée une croix en pierre provenant de l'ancien cimetière des moines, datée du XIIIe siècle ; la chapelle abrite également des tombeaux, gisants et dalles funéraires des XVe et XVIe siècles des sires d'Estouteville et de leurs épouses. Les vitraux datés de 1552 retracent la vie de la Vierge et une Annonciation placée au‑dessus de l'autel est attribuée à l'école de Germain Pilon.
La protection au titre des monuments historiques couvre des éléments classés et inscrits à différentes dates : la chapelle absidiale et les ruines des autres parties de l'abbatiale ont été classées le 2 novembre 1951 ; les façades et toitures de l'ensemble des bâtiments conventuels et la sacristie située au sud du déambulatoire ont été inscrites le 24 décembre 1965 ; l'enclos monastique dans son intégralité, sols et vestiges archéologiques, la clôture avec portails et porterie, les aménagements de jardins et d'eau, les murs intérieurs conservés, le bâtiment conventuel, les façades et toitures du logis abbatial ainsi que la cave de l'abbé en sous‑sol ont été inscrits le 26 janvier 1995.
La succession des abbés inclut des figures telles que Vincent Antebert, Nicolas de Cumelier, Robert de Sotteville, Richard Gascoin, Simon Panchevoût, Jean Ribaud — qui entreprit des travaux après 1515 — ainsi que Charles de Bourbon, Louis de La Fayette et Henri‑Constance de Lort de Sérignan de Valras.
