Ancienne abbaye de Grandmont à Saint-Sylvestre en Haute-Vienne

Ancienne abbaye de Grandmont

  • 87240 Saint-Sylvestre
Ancienne abbaye de Grandmont
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Ancienne abbaye de Grandmont
Ancienne abbaye de Grandmont
Crédit photo : Lucas Destrem - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une association

Période

XIIe siècle, XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Vestiges de l'abbaye de Grandmont : en totalité, les murs de soutènement, les sols et les vestiges archéologiques qu'ils contiennent, des parcelles AC 72, 76, 168, 190 et 192 et de la parcelle B 609, ainsi que de la portion du chemin de Mallessard à Grandmont, voie communale n°31 non cadastrée, telle que délimitée sur le plan annexé à l'arrêté : inscription par arrêté du 10 février 2015. Les étangs de l'abbaye de Grandmont, à savoir l'étang des Sauvages, l'étang des Chênes, le petit étang des Chênes et une partie de l'ancien étang des Chambres ainsi que leur réseau hydraulique, situés aux lieux-dits Les Chênes et les Sauvages à Saint-Sylvestre, et au lieu-dit La Fayol, à Ambazac, sur les parcelles délimitées en rouge sur le plan annexé (cad. Saint-Sylvestre B 84, 96, 99, 107, 108, 109, 120, 131, 145, 146, 147, 148, 149, 581, 611 ; AC 184 ; Ambazac B 7) : inscription par arrêté du 27 juin 2017

Origine et histoire

L'ancienne abbaye de Grandmont se situe dans le hameau de Grandmont, à Saint-Sylvestre en Haute-Vienne, en Nouvelle-Aquitaine. Elle est l'abbaye fondatrice de l'ordre de Grandmont, créé par Étienne de Muret à Ambazac et transférée à Grandmont après sa mort en 1124. Les premiers aménagements comprenaient un oratoire et des logements rudimentaires ; l'église abbatiale fut dédiée le 4 septembre 1166 et l'ensemble des constructions s'acheva en 1171. Le chantier bénéficia de l'intervention de maçons envoyés par Henri II Plantagenêt, du transport de plomb pour la couverture et d'aides financières de seigneurs locaux. Vivant selon un mode érémitique apparenté aux Chartreux, les religieux mirent en place à proximité un vaste système hydraulique destiné à la pisciculture et au drainage des terres marécageuses. En amont des vestiges se trouvent l'étang des Sauvages, l'étang des Chênes, le petit étang des Chênes et l'ancien étang des Chambres ; les moines acquièrent et améliorent ces installations pour assurer des viviers proches. Chaque étang était organisé autour d'ouvrages tels que la digue carrossable, des drains d'alimentation, des vannes de gestion du niveau, de multiples canaux et divers bassins piscicoles, formant un ensemble hydraulique caractéristique du Limousin. Aux XIIe et XIIIe siècles, l'abbaye connaît un rayonnement marqué, soutenue par des donations royales et princières et par des séjours de membres de la cour d'Angleterre. La canonisation d'Étienne de Muret entraîne la réalisation de châsses reliquaires remarquables, témoins de l'émail limousin médiéval. Dès le XIIIe siècle, des conflits entre prieurs fragilisent l'ordre et ses finances ; en 1317 le prieuré est élevé en abbaye et l'organisation s'aligne sur le modèle bénédictin. Des réparations sont entreprises aux XIVe et XVe siècles, mais les guerres de Religion entraînent pillages et saisies, et l'origine souvent locale des abbés aux XVIIe et XVIIIe siècles traduit un affaiblissement institutionnel. Au début du XVIIIe siècle, les bâtiments sont très dégradés ; d'importants travaux de reconstruction sont engagés à partir de 1732 et la nouvelle église abbatiale est achevée en 1768. La reconstruction du milieu du XVIIIe siècle détruit toutefois l'essentiel des vestiges médiévaux de l'église. L'ordre est dissous en 1772 ; les derniers moines restent autorisés à vivre au monastère jusqu'à la mort de l'abbé François-Xavier Mondain de la Maison Rouge en 1787, puis retables, plomb, bois et terres sont vendus comme biens nationaux à la Révolution. Abandonnés et partiellement démantelés, les bâtiments servent de carrière de pierres et sont démolis en 1817 ; des matériaux sont réemployés pour la prison de Limoges, des maisons et pour la chapelle Saint-Jean-Baptiste, inaugurée en 1825. Plusieurs éléments architecturaux de l'abbaye ont été remontés ou identifiés ailleurs, notamment un portail au château du Couret, un autel en marbre et des stalles à la collégiale Saint-Junien, des éléments sculptés dans les églises d'Ambazac et de Saint-Sylvestre, ainsi que le bassin du cloître dans la cour du château de Montméry. Au XXIe siècle, les vestiges visibles sont rares, mais des réemplois subsistent et des fouilles ont mis au jour terrasses, caves, étangs et une partie du mobilier lapidaire. Un important chantier archéologique lancé en 2013, coordonné par Philippe Racinet et mené en partenariat avec la DRAC et la Société des amis de Saint-Sylvestre et de l'abbaye de Grandmont, a mobilisé des étudiants et contribué à l'étude des matériaux et de l'aménagement hydraulique. Ces travaux, soutenus par deux inscriptions au titre des Monuments historiques en 2015 et 2017, ont permis d'affiner la connaissance du site et d'analyser la provenance de certains éléments lapidaires grâce à des études sur les granits locaux. Les archives de l'ordre, transférées à l'évêché à la disparition de la communauté, sont aujourd'hui conservées aux Archives départementales de la Haute-Vienne. La chapelle Saint-Jean-Baptiste présente des reproductions d'émaux et des éléments du trésor de Grandmont, des documents explicatifs et une maquette restituant l'abbaye avant sa disparition. Neuf étangs ont été identifiés à proximité, dont trois sont inclus dans le périmètre de la réserve naturelle régionale des Sauvages créée en 2015. La protection, les fouilles et la valorisation visent à mieux comprendre l'importance monastique et hydraulique de ce site du Limousin.

Liens externes